From Louis-Guillaume Le Veillard (unpublished)
Passy 22 Juillet 1789
Mon cher amy,

Il y a bien longtemps que vous ne m’avez écrit, depuis vostre lettre du 10 decembre je n’en ai point reçu de vous, les dernieres nouvelles que jay eues indirectement nous causent la plus grande peine, vous estes, m’a dit Mr. Jefferson extrement souffrant, vous avez eu la fievre et pour obtenir un peu de repos, vous estes obligé davoir recours aux calmants; vous savez a quel degré je vous aime et combien je partage vos peines; de grace ecrivez moy une ligne seulement, ou charges l’amy Benjamin Bache de prendre cette peine pour vous et pour moy; ma femme, ma fille, mon fils et tous vos amis vous en conjurent, ils vous embrassent, et vous sont aussi attachés que quand vous etiez avéc nous.

Que je vous regrette dans le beau moment ou nous sommes! Que netes vous resté en france! O combien vous jouiriés! Comme vous auriez eté surpris de trouver tant d’énergie et de prudence dans cette nation qui vous a paru si douce, si aimable et peut estre si legere! Vous auriez eu pour la seconde fois le spectacle d’une incroyable révolution, plus difficile, plus etonnante et aussi complette que la vostre, par une suite de circonstances inattendues la nation a secoué le joug des Prestres, des nobles et du Roy, elle est maitresse absolue de son sort, sans qu’on puisse craindre que qui que ce soit ose la troubler; les fauteurs des abus auroient combiné la chaine d’extravagance la plus capable de donner les moyens de les anéantir, qu’ils ne se seroient pas autrement conduits, et l’assemblée nationale en a merveilleusement profité; elle n’a pas commis une seule faute, nous sommes deja libres, sans éffusion de sang et meme la licence toujours compagne de ces premiers moments n’est pas redoutable, nous allons probablement avoir une excellente constitution; les lumieres du siecle, celles de nos representants, leur accord l’unanimité presqu’entiere de nos opinions et vostre exemple nous donnent plus que des espérances, ainsi, mon cher amy, nostre bonheur ajoute encore a vostre gloire et la part qui m’en reviendra m’en sera plus chere.

Voules vous bien vous charger de mes respects et amitiés pour les vostres et permettre que je vous embrasse toto corde

Le Veillard

La destinée de mr. de la fayette veut qu’il joue un rôle dans toutes les revolutions si j’etois et si je voulois rester Despote je commencerois par le tuer, il est deputé aux[iliaire] et ses dispositions patriotiques l’ont fait choisir pour commandant de la milice Bourgeoise de Paris qui s’est armé pour sa garde et qui avant cette nomination [avait] pris la Bastille qu’on raze en ce moment; Monsieur Bailly s’est singulierement distingué, il est maire de Paris, c’est a dire ce qu’étoit il y a huit jours le Prevot des marchands, M.M. de la Rochefoucauld, de lally tollendal, mirabeau même [sont?] députés aux états et tous ceux que vous aimez se sont montrés pour le bon parti. Les Bandits chassés de Paris ont brulé tous les Batiments des Barrieres et vouloient en faire autant de nous, mais nous avons pris les armes et je crois qu’il ne nous arrivera rien; je suis en ce moment militaire et je commande trois a quatre cents hommes qui forment la milice de Passy.
Addressed: A Monsieur / Monsieur Le Docteur franklin / A Philadelphie
Endorsed: Mr. Le Veillard July 22—89
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