The Comte de Montfort to François Garnier
Grand Chatelet ce 23 aout 1780

Il est bien douloureux, bien accablant pour moi que M. Le docteur franklin, ainsi que mes anciens amis se laissent prévenir par mes plus grands persécuteurs, quoyqu’au fonds je sois innocent. Par pitié autant que par humanité vénes me Voir, mon pauvre françois. Vous sçavés que je vous ai toujours aimé. J’aurai occasion de vous dire tout ce qui s’est passé et d’Ecouter dans les détails avec Vous. Je suis surpris de ne pas Voir nicolas. Il est des moments oÿ il me Semble que toute la terre m’abandonne. Cependant quelques Personnes qui connaissent mon innocence s’intéressent vivement pour moy[.] Je devrais m’attendre à la protection de M. Franklin. Personne ne Connoit mieux a paris si j’ai prodigué mon sang en amérique au service des etats en qualité de major. Il a vu mes certificats. Il a recû des lettres des membres du congréss ses amis qui tous portent en ma faveur. Il devrait donc me rendre justice quand a ma Conduite en amérique. Pour Celle que j’ai tenue a paris, avec l’aide de dieu je confondrai la Calomnie. Les dettes que j’ai faites ayant été contractées de bonne foy et sans sujet de Croire que j’ay voulu tromper personne.

Je suis désolé d’apprendre que M. franklin le fils & autres américains me tournent Le dos dans mon malheur lorsque je les ai Si bien Servis a Larmée au péril de ma vie. Dieu! Est il possible? Je ne puis croire que M. Le docteur veuille me refuser le Certificat que je lui demande. Communiqués ma lettre a herbelot [Arbelot] son domestique joignés vous a lui. Montrés vous tous français et des sentiments qui annoncent au malheureux comte de monfort que vous étes au dessus de votre condition et que votre facon de penser a son égard Soit aussi bonne, aussi honnête qu’il Le mérite réell[ement] faites le possible pour pouvoir me voir et croyes moy dispo[sé] a vous rendre a mon tour tous [les] services possibles.

Montfort

S’il y avoit des lettres, apport[ez] moy s’il vous plait.
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