From Demayr (unpublished)
Ce 5. Juillet 1780.
Monsieur,

Je suis l’officier Prussien, fils d’un Général au Service de la même Puissance, qui a eû l’honneur de se présenter chés vous il y a environ 6. mois pour vous prier de me procurer de l’Employ auprès des Etats-unis de l’amérique. Sur l’impossibilité où vous étiés de m’accorder l’objet de ma demande, d’après le certificat de mon ambassadeur qui justifioit mon éxistence et mes services, et le tableau des embarras inséparables de ma situation, à 200. lieuës environ de ma patrie et de ma famille, sans secours ni protection, vous voulûtes bien alors m’obliger d’un Louis que j’employai aux objets les plus urgents et les plus nécéssaires que j’avois alors.

Depuis ce temps, Monsieur, je n’ai céssé de vouloir me consacrer à la gloire des armes de Sa Majesté Louis XVI; mais toutes les tentatives que j’ai pû faire vis à vis de M. Le Duc de Lauzun et de plusieurs autres personnes aussi distinguées, par le moyen de M. Le Baron de Pirch, Colonel-Commandant du Régiment Royal-Baviere, mon ami et mon compatriote, elles ont toutes été inutiles, même auprès de M. de Sartine, ainsi que vous pouvés vous en convaincre par la Lettre originale ci-jointe de ce Ministre de la marine.

Dans ces circonstances, Monsieur, comme je suis décidé a passer au service d’Espagne, plutôt que d’entrer à celui d’Angleterre où je serois cependant d’autant mieux accueilli, que j’ai déjà fait la guerre en Amérique sous le Général Bourgouine d’où je suis revenû en Europe après sa capitulation de Saratoga; j’ose reclâmer la générosité et la Noblesse de votre âme, naturellement Bienfaisante pour vous prier de m’obliger de quelques Louis dont j’ai le plus grand besoin pour entreprendre le voyage de Madrid.

La reconnoissance que j’en conserverai sera aussi sincère que l’admiration et le profond respect avec lequel je suis, Monsieur, Votre trés humble et trés obéissant serviteur

Demayr
ancien officier au service de Prusse
p.s. J’attends votre réponse, Monsieur, à Passy même, par le porteur de cette Lettre, et s’il est possible que vous puissiés m’accorder un instant d’entretien, j’en serai on ne peut pas plus flatté. Dans tous les cas, je vous serai obligé de vouloir bien me renvoyer la Lettre de M. de sartine
Endorsed: Demayr 5 Juillet 1780
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