From François Astori (unpublished)
Naples en Italie ce 13. Mars 1779
Others are fond of Fame, but Fame of You The Lov. of Fam. Satyr. I. v: 10: pag. 1
Monsieur

Vous êtes connue dans tous Les deux Hemispheres pour votre sçavoir, pour vos admirables prerogatives, pour Les eloges qu’en font tous Les Sages, et tous Les Grands de L’Europe, qui reconnoissent en Vous un Philosophe très sublime, qui merite Lettres d’or dans les faites de L’Humanitè, et qui est devenu, et deviendra sans faute L’objet de la Veneration de L’Amerique, et de l’Europe, ayant donnè au Monde ancien et au nouveau des plus belles instructions en tout genre de sçavoir, de politique, de Legislation, et c’est Un Heros tel que Vous, au quel doit La Pensilvanie, et Les Etats unis de l’Amerique sa Legislation qu’on admire chez tous Les Sages de L’Europe, et c’est par cela que tous Les grands hommes, et tous Les Philosophes de notre Siecle Vous ont accablè des eloges sinceres, et entre Les autres Le trepassè Philosophe de Ferney, Le quel Vous celebra dans plusieurs de ses conversations familieres, et en Vous prodiguant des Louanges, ne faisait d’autre chose, si non celle d’etre L’Echo de L’Europe, et de La France, et de L’humanitè entiere, qui Vous doit beaucoup, et a des justes titres sohaitera, que votre vie soit tres-Longue, car elle est tres-precieuse a L’Humanitè, et a L’Amerique, a L’Univers entier. Les hommes sensibles, Les hommes sages, et Les amis de La sagesse seront a jamais vos admirateurs, et comme Vous Mr: L’annèe passèe Vous fites a Vous même un devoir de converser avec Le Philosophe de Ferney venu alors a Paris, et de presenter au même votre tres-digne petit fils pour lui procurer l’avantage de pouvoir dire un jour, comme disoit Ovide, d’avoir vû Virgile, Virgilium vidi: c’est ainsi que chacun s’empresse de Vous voir, de Vous admirer, de s’approcher a Vous et ceux, qui ont Le malheur de n’etre point en France pour Vous entendre, se flattent au moins de Vous ecrire pour Vous demontrer leur amour pour un homme aussi extraordinaire, dans les Sciences, et dans les affaires des Etats. Chacun veut L’honneur de Vous aplaudir, et Vous aussi pouvez y compter ma personne dans L’heureux nombre des admirateurs de vos qualites intellectuelles. Si vous ferez des admirations comment un homme aussi obscur, aussi imbecille, aussi petit, aussi ignorè et aussi digne d’etre ignorè, comme je suis, qui n’ai d’autre merite si non celui d’etre admirateur nè des grands hommes, ait hazardè de Vous ècrire, cesseront vos merveilles en reflechissant que c’est toujours aux grands que s’addressent Les petits, et Les imbecilles, soit pour en recevoir d’instructions, soit pour Les admirer, soit pour Leur rendre un homage, si non correspondant a Le merite de ceux, aux quels on Le presente, au moins proportionnè a La sincerite des sentimens de ceux qui L’offrent. C’est ainsi que j’espere que Le Philosophe de la Pensilvanie agreera mes homages avec Les quels j’ai L’honneur de Lui presenter quelques vers faits par moi aux Manes du Philosophe de Ferney, que j’ai choisis comme Les plus petits, et les plus curts pour ne fatiguer votre bontè avec des Poemes plus longs. La premiere piece c’est un Distique sous L’image de Voltaire.

Flecte genu, Volterus adest, Vir imagine in ista (?),

Corde, ore, ingenio, pectore, mente Deus.

L’autre piece c’est une version en Latin du quattrain Français fait par Mr. Le Brun, et mis a La derniere page de L’Eloge de Voltaire de Mr. Palissot. Voila ma traduction:

Plora Helicon, ulula! Musae, immortalia plectrá

Rumpire! Nunc lacrymae fluminis instar eant.

Tu Dea, cui annum Lassaverat oraque, et alas,

Dic Volterus abest, flenique quiesce dein.

Voila Mr: combien j’ai pechè de temeritè en me presentant pour la première foit devant un homme du premier rang dans Les sciences, et dans L’Art, comme Vous etes, et de lui presenter des vers tres-ridicules, qui n’ont d’autre prix, exceptè La sublimitè de L’Heros, dont on parle. Mais Vous sçavez aussi, que Les Dieux ont coutume d’accepter Les plus foibles homages des hommes, et qu’on en peut procurer Les benefices, comme dit Horace farre pio, et saliente mica. Je sens tres-bien qu’en prolonguant ma Lettre je Vous envole des momens tres-precieux, que Vous dever[ez] partager entre Les Sciences, et La directions des affaires tres-importants. Je me tairai donc, mais Vous aurez La bontè de me permettre de me dire pour toujours avec L’estime La plus distinguèe, et la veneration La plus profonde, comme je dois pour toujours, et comme je Le serai à jamais Monsieur Votre tres-devot tres-humble, et très-obligè servi[teur]

François Astori

Endorsed: Astori
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