ce 25. février 1783.
Rien ne Seroit plus avantageux aux Etats unis de L’amérique Et
au Royaume de france, que d’avoir un Port franc dans la Province
de Saintonge.
Les Couraux D’oléron Et la Riviere de Seudre réunissent tous les
avantages possible pour recevoir dans ce pays abonné de Marennes,
Les Navires de l’Amérique qui viendroient y apporter leurs
Carguaisons, Comme planche, bois de charpente et de Constructions,
ainsi que du merain; Le tabac pour la ferme généralle ce
déchargeroit en passant devant le port de la Rochelle; En retour
il n’est point d’endroit dans le Royaume ou ils puissent a moindre
frais assortir leurs Carguaisons, on y trouve le meilleur Sel du
monde connu Surtout pour la pêche et les Salaisons; ce sel
S’appele vulguairement Sel de Brouage, mais il faut bien observer
quil y en a de quatre qualités, Savoir, Sel blanc de Liman, Sel
Rouge, Sel de chaudiere, et Sel vert; c’est de cette derniere
qualité dont il faut ce Servir pour les Salaisons, et avoir la
plus grande attention de ne pas faire usage des trois autres
qualitées de Sel pour les Salaisons du poisson, comme il est
arrivé Souvent aux Armateurs de St. Malo, Granville et de Diepe;
aussi ont ils été trompé Sur cet article en prenant leur Sel de
pêche à L’Isle de Rhé ou en Bretagne; Il en est résulté que la
Morüe c’est échauffe et n’a pas eu la même valeur n’ayant pas le
même dégré de bonté que le poisson qui a été Sallé avec celuy de
la qualité cy dessus qui doit être vert Sec et bien grené.
Les Amériquains trouveront aussi à Marennes, La tremblade, Isle
D’oléron, des Eaux de vie pareille a celle de Cognac à quatre et
cinq degrés, il en est ainsi des Vins, celuy de blanchette blanc
est le meilleur de la Province, nous en avons aussi dans l’etendue
des trente Paroisses abonnées, de rouge qui Soutient bien le
transport à L’amérique Et moins cher que celuy de Bordeaux étant à
la verité d’une qualité infêrieure; on voit par ce leger détail
qu’il Sera aisé aux Navires de l’amérique d’aporter leurs
carguaisons dans les Couraux D’oléron Riviere de Seudre havre de
Brouage, ou il entre tous les ans douze à quinze cens navires,
sans qu’il soit arrivé de mémoire d’homme qu’il s’en soit perdu un
Seul, par ceque l’encrage y est bon, que Mrs. les officiers de
cette amirauté ont l’attention de tenir Journellement à la pointe
du chapus une douzaine de Pilottes Côtiers, qui vont à la
rencontre des navires aussitot qu’ils paroissent dans les pertuis
D’antioche ou les pertuis Bertons [Bretons] pour les pilotes, Soit dans les
couraux D’oléron, ou dans la Riviere de Seudre et havre de
Brouage.
observations.
1º. Les batiments de deux a trois cens tonneaux tirant de dix à
treize pieds d’Eau sont les plus propres pour venir dans les
couraux D’oléron et Riviere de Seudre.
2º. Ceux au dessus et qui tirent quatorze à quinze pieds d’eau ne
peuvent Sortir que dans des temps de maline, cela n’empêche
cependant pas qu’il n’en vienne chaque année de cinq à six cens
tonneaux, mais il arrive quelquefois qu’ils rencontrent des
difficultés pour Sortir.
3º. Il ne faut pas S’adresser indifferamment a tous nos marchands,
car il en est ici comme par tout ailleurs, il en est d’etres bons
et de mauvais.
4º. Il faut avoir la plus grande attention à la qualité du Sel.
5º. Si les amériquains vouloient trouver à Marennes de gros Draps,
Couvertes, Bonnets, bas et autres Marchandises, rien ne seroit
plus aisé, veu le local du pays, de leurs en procurer, mais il
faudroit que nos marchands en fussent prévenir Six mois a l’avance
afin de former ici des Magazins assortis ce qu’ils ne manqueront
pas de faire des qu’ils Seront certains du debouché, et cette
précaution prise une fois, Mrs. de l’amérique trouveroient dans
tous les temps à Marennes Et La tremblade, les effets mentionnés
dans ce cinquieme article. Car pour du Sel, Eau de vie et vinx il
y en à toujours assez pour charger tous les batimens qui pourront
venir dans nos parages.
6º. En ce mettant sous les yeux la carte de Saintonge on connoitra
la distance des lieux et la position avantageuse des Couraux
D’oléron Riviere de Seudre Et havre de Brouage.
a Paris Ruë du gros chénet no. 5. ce 8 Mars 1783./.
Il paroitroit indispensable que les Capitaines des navires des
Provinces unies de l’amérique Septentrionale eussent a Marennes ou
Saintonge une personne de la plus grande Confiance qui les
prévinssent aussitot leur arrivée du prix Courant des denrées et
autres marchandises dont ils désireroient charger leurs Batimens,
afin de leur éviter d’être ransoné par les différents marchands du
pays, et veiller a leur prompte expédition ce qui leur seroit on
ne peut pas plus avantageux. M. froger de la riguadiere chevalier
de St. Louis, ancien Lieutenant Colonel d’Infanterie demeurant a
Marennes et qui a été trente années Sindic géneral des Salines de
Saintonge offre d’être gratuitement le Consul du Congres a
Marennes; il ne demande d’autre récompense de Ses Soins et peine
que la douce Satisfaction d’être utile a Son pays et de se rendre
agréable au Congres, mais il faudroit nécéssairement qu’il fut
autorisé par le Congres et principalement par le Gouvernement de
france, sans quoy il ne se chargeroit de rien du tout; Il seroit
indispensable aussy qu’il eut à Ses ordres à Marennes un Courtier
a qui le Congres ou le Corps du Commerce de l’amérique
Septentrionale donneroit Sept à huit cens livres d’appointemens
par an pour accompagner les Capitaines à cinq ou Six lieues à la
ronde pour faire leurs achats de la premiere main, c’est ainsi
qu’ils éviteroient de gros frais et d’être trompés dans les
emplettes des différentes marchandises et ne pouroient manquer de
faire de très bons Voyages. L’objet le plus important et qui doit
très essentiellement fixer l’attention du Congres et de Son
Excellence Monsieur francklin est d’obtenir le port franc pour la
Riviere de Seudre et Coureau(?) D’oléron, Sy Son Excellence
monsieur francklin a besoin de quelque autres Eclaircissemens à ce
Sujet, il peut S’adresser à M. froger de la rigaudiere chevalier
de St. Louis ancien Lieutenant de Roy à St. Domingue qui demeure à
Paris Ruë du gros chenest No. 5. Il est frere de M. froger de la
rigaudiere de Marennes cy dessus nommé, qui S’offre gratuitement
d’être Consul du Congres Sous l’agrément du gouvernement de
france.
le mémoire pour être Envoyé au Congrés, Et Signé par M. le Bon.
de montmorency, Comt. [Commandant] gal. des provinces de Saintonge:
aunis Et poitou./.