From — Baron (unpublished)
Dunkerque Ce 31 May 1781.
Monseigneur,

La Circonstance plus que malheureuse où je me trouve me force Davoir recours aux bontés D’un Ministre, qui à la voix de toutes les nations et qui s’est acquis à juste titre la renomée du seigneur le plus juste et Le plus équitable, jusque Dans les affaires de la plus petite Conséquence.

Les personnes Monseigneur contre qui je vous adresse mes griefs, sont les només gognet, rené saillot et Colson tous les trois officiers portants L’ordonnance des états unis de L’amerique et tous trois employés sur la Pallas fregate faisant partie de Lescadre de Monsieur Paul Jhonn en Désarmement a Dunkerque.

Dans ce tems moins traversé par Linfortune, je tenais le premier hotel De la ville. Ces Messieurs sont venus Loger chez moi. Ne croyant pas que l’on puisse avoir une Défiance basse pour les officiers d’une nation qui se fait considerer de toutes les autres et De plus nos alliés, j’ai nouri Logé et ébergé ces Messieurs tout le temps qu’a Duré Leur désarmement et même après; lequel temps ils disoient sacrifier a attendre vos ordres pour leur Depart. Ils se sont même adressés jusqu’au tailleur de la maison à qui ils ont fait faire des effets.

Ces trois Messieurs ont fini par abuser indignement de ma Confiance, de celle de ce tailleur et de plusieurs autres particuliers en sortant de chez moi comme des malhonnêtes gens sans parler a personne. Le Sieur Gognet m’a échapé, mais j’ai joint dans leur fuite Messieurs René et Colson que j’ai cru Devoir constituer en prison par jugement rendu des magistrats des lieux où je les ai trouvés jusquà ce qu’on me paye où du moins qu’on me reponde de ma Creance.

Il y a environ Dix huit mois que ces Messieurs sont Detenus sans que je voye de leur part aucun effort pour se tirer d’un embarras qui selon les apparences les fatigue moins que moi.

Ma Malheureuse situation n’a plus d’autre appui que votre généreuse humanité à laquelle je n’aurois jamais osé recourir si je n’avois appris que tous les efforts que je fais pour procurer une certaine aisance a mes prisoniers sont entierement vains et que leurs parents dans lesquels restoit ma derniere Confiance sont interessés a Leur Détention pour des Raisons qu’il seroit inutile de vous Détailler.

Je me trouve dans ce moment par plusieurs événements plus malheureux encore que celuici hors d’etat d’arreter plus longtems ces Messieurs et je n’attends pour leur rendre la Liberté qu’une promesse de Messieurs les armateurs de me faire passer les premiers fonds qui se trouveront Libres aprez le payement des seuls créanciers privilégiés. Cest cette Demande que j’ose vous prier d’appuyer de votre Recommandation dont je ne me flatterai qu’après avoir reçu L’honneur d’un mot de votre part que j’attens avec le Plus profond respect de votre excellence Monseigneur Le plus humble et le plus obeissant serviteur

Baron
Rue du sud No. 31.
636224 = 035-111a001.html