From Benjamin Franklin: “The Lion and the Mastiff” (unpublished)
Le Lionceau et le Dogue Fable allégorique, de Mr. Franklin mise en vers par M. L. A.***

Quelques navigateurs anglois,

Pour l’Amerique et ses jeunes Forets

D’un Lionceau firent jadis emplette.

Il étoit foible et ne devait jamais,

Suivant ces Gens, vains et durs à l’excès,

Etere mené qu’à la baguette.

On lui donna pour compagnon,

Pour tyran bien plustôt, un Dogue d’angleterre,

Animal vigoureux dans sa verte Saison,

A la rapine enclin, et qui, fier et sauvage,

Insultoit tous ceux du canton.

Avec le Lionceau s’il alloit en voyage,

Il écornoit sa portion,

Bien que lui Dogue, eut part entiere,

et s’approprioit sans façon

Le gîte le plus sain, la plus fraiche litiere.

Dans les commencemens, force fut au lion

de souffrir cette Oppression;

Mais au fond, le coeur haut et l’Ame ambitieuse,

s’il sembloit écouter avec soumission,

De la nécessité la voix imperieuse,

Il se promettoit bien un plus noble destin,

Dès qu’il seroit de taille à vaincre le Mátin.

L’Age, qui toujours croît, amene toute chose.

Un Soir qu’auprès de lui, de son long étendu,

Bien mleux couché, bien mieux repu,

En le chassant de là notre Dogue repose,

Or çà, lui dit l’autre, il est bon,

Que vous me connoissiez. J’abhorre ces manieres,

Ou changez avec moi de ton,

Ou vous aurez les étrivieres

Je veux desormois entre nous

Parfoite égalité; ne tranchez plus du maitre;

Et si l’un de nous deux doit l’être,

Apprenez que ce n’est pas vous.

Cela fut dit si haut et d’un air si peu tendre,

Que Seigneur Dogue eut dû l’entendre.

Mais ne suivant toujours qu’un orgueil indompté,

Il se leve, menace et d’un ton irrité,

Crie au lion de se defendre.

Ce fut un jeu pour celui-ci,

A qui la griffe alors d’un grand pouce étoit crüe,

De défaire un tel ennemi.

Le Dogue fut battu, mis tout en Sang, honni,

Et mourut de la rage muë.

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