From the Marquis de Chastellux (unpublished)
a Paris le 21 juin 1786
Mon cher et tres illustre President

Je vous dois a tous égards l’hommage que je prends la liberté de vous adresser. C’est vous qui avés annoncé préparé et operé la révolution de l’amerique septentrionale; c’est vous dont la main, agissant secrétement comme celle de la providence, m’a conduit sur ce nouveau continent. je m’y suis trouvé heureux et fier de travailler pro viribus meis a ce grand ouvrage que vous avez glorieusement consommé. j’ose dire qu’aucun americain ne l’a eté plus que moi. je n’ai donc pû voir votre patri avec des yeux défavorables, et si mon attachement a la verité m’a dicté quelques legeres censures, mes souhaits ont toujours remplacé mon admiration Lorsqu’elle a eté contrainte à se taire. aussi aije deja la satisfaction de jouir de celui de tous les succès qui pouvait le plus me flatter: aucun de mes lecteurs n’ait parvenu a la fin de mon ouvrage sans éprouver une impression profonde d’amour et d’estime pour vos concitoyens. aucun ne m’a refusé non plus   loüange, que je lui avois toujours paru accusé par le même sentiment. ah! non M. president, quand vous etiés en France, il étoit bien inutil d’y louer les americains. il suffisait de dire: tenés, voila leur representant. mais quelque dignement remplacé que vous l’ayés eté, il n’est pas hors de propos de réveiller l’interêt d’une nation sensible, mais legere, et de fixer encore, de tems en tems, son attention sur le grand évenement auquel elle a eu le bonheur de cooperer. tel a eté en grande partie mon motif en traduisant le poëme du colonel humphreys: le    a repondu a mon attente, et l’a même passée; non seulement le public a très bien recu cet ouvrage, mais il a parfaittement réussi a   ,    auprès du Roi et de la reine qui m’en a fait beaucoup d’éloges. je prends la liberté, mon cher et illustre president, d’adresser a votre excellence ma traduction quoiqu’elle doive avoir bien peu de prix pour ceux qui ont lu l’original. mais vous connoissés parfaittement notre langue, et scachant mieux que personne, d’un côté la dificulté de traduire en vers francois, et de l’autre, celle de donner a la prose assés de mouvement et de couleur pour lui faire exprimer des idées poetiques, vous serés en etat de me justifier auprés de ceux qui blameront la liberté que je me suis donnée, car je me suis plus occupé de rendre ma traduction agreable à lire, que de la faire éxacte et fidele. quoiqu’il en soit mon tres illustre president, mes intentions sont ma meïlleure excuse et mon attachement pour vous mon meilleur titre a votre indulgence. ce ne sont pas mes talens que je veux faire valoir a vos yeux, mais les sentimens de respect et de dévouement avec les quels j’ai l’honneur d’etre Mon tres illustre president votre tres humble et tres obeissant Serviteur

le Marquis de chastellux

Voulés vous bien presenter mes hommages a Monsieur et a Madame  . je ne doute pas que les dames de Philadelphie ne soient aussi empressées auprès de vous que celles de Paris, et je crois         en vous priant de me rappeler a leur souvenir; particulierement a celui de    Morris, Madame  , Madame Meredith, Mademoiselle Cadwallader, Madame Craig.
Notation: Mr de Chastellux.
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