From Madame — d’Orbelin (unpublished)
paris ce 29 Mars 1785
Monsieur

Si mes premiers succès sur le mercure m’ont mérité les suffrages flatteurs de l’homme du monde dont j’avais le plus a coeur d’obtenir l’estime, la bienveillance et la protection, ils éxcitent contre moi les fureurs de mes foibles rivaux qui persistent à soutenir que la fixation du mercure est un projet chimérique, et que mes prétendües découvertes n’ont ni vraisemblance ni réalité, c’est votre Excellence que J’appelle pour garant. Cette expérience s’est faite sous ses yeux. Mes procedés lui sont connus. Mes secrets lui sont dévoilés. Je pourrais même lui en communiquer dans peu de plus importans, si mes facultés entiérement épuisées par des éssais très multipliés, ne me forçoient de suspendre des travaux que j’ay la plus vive impatience de pouvoir reprendre. Permettés que je prenne la liberté de vous sollicitér de me donner une attestation relative à l’éxpérience que vous avés vû faire. Elle suffira pour imposer un respectueux silence a ceux qui jalousent mès premiers succès, quoique j’aye la satisfaction de voir que les vrais amateurs favorisés des muses, s’arment pour m’a défense?. Leurs suffrages seroient bien foiblement apréciés, s’ils ne sont précedés des votres.

J’ay l’honneur dêtre avec un très profond respect de votre Excellence Votre très humble et très obeissante servante

D’orbelin

Je previens Son Excellence que lorsqu’il me fera lhonneur de me donner ses ordres, je fixeray chez lui le mercure avec des poudres végétalles dont je lui envoye une Exquise qui se trouve ductile. Le procédé dont je vous ay donné le procédé est purement philosophique. Les bouteilles de Neige sont toutes prêtes.
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