From Julien-David Le Roy (unpublished)
de Paris ce 20 juin 1786
Monsieur,

Je ne puis assez vous exprimer combien j’ai été sensible à ce que mon frère m’a dit, qu’ayant tant de sujets de vous occuper en retournant dans votre Patrie, que vous avez tant contribué a rendre libre; vous vous êtes rappellé les entretiens que nous avons eu avec Mr. Keay sur la marine, et que vous m’écriviez à ce sujet. Ceux qui s’occupent avec noblesse et desinteressement du progrès des sciences et des arts, éprouvent quelquefois tant de degoûts, que si leur imagination n’etoit rehaussée, si je puis me servir de ce Terme, par l’interet que prennent à leurs recherches les hommes que leur Genie éleve au dessus de l’opinion commune, et de la routine, ils abbandoneroient leur Travail avant de l’avoir termine: c’est ce qui me seroit arrive si je n’avois pas eu la satisfaction de vous voir ici prendre part à mes recherches sur le vaisseau long. J’ai l’honneur de vous envoyer le resultat de ces recherches que je viens de faire imprimer et sur lesquelles vous avez tant de droits.

J’ai pris la liberté d’en mettre un exemplaire dans le paquet que je vous envoie, pour la societé Philosophique de Philadelphie. Si vous croyez que ce ne soit pas une indiscretion de ma part, je vous prie de lui parler du desir que j’ai d’avoir l’honneur d’être inscript au nombre de ses membres: afin que je puisse esperer de voir imprimer dans ses mémoires les recherches que je me propose de vous addresser, soit; les Batimens les plus propres par leur structure et par leur voilure à naviger sur les fleuves: depuis les plus simples qui n’auroient que deux mats, qu’un mat même de 2, 3, 4, ou 5 voiles jusqu’a ceux qui en auroient trois, et 8 ou 10 voiles: et qui seroient particulierement propres pour parcourir les grand fleuves qui traversent les Etats unis de l’Amérique.

Mr Keay notre ami est parti depuis deux ou trois jours pour cherbourg ou le Roi [doit] arriver le 23 ou le 24 pour voir enfoncer [deux] des cones qui doivent contribuer a y former [ ] port.

Mme. de cheminot est allé en Almagne v[oir] son frere. Je vous prie de presenter mes civi[lités] à Monsieur votre fils à Monsieur Binjamin et a [toute] votre famille. Je suis avec un profond respect, Monsieur, Votre très humble et très obeissant serviteur

Le Roy

Mon frere se porte parfaitement bien et me charge de presenter ses r[espects]
Endorsed: Le Roy
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