From — Desfours l’aîné (unpublished)
A Lyon ce 10. 9bre 1783
Monsieur le Docteur

J’avois eu l’honneur de vous écrire, pour vous demander si vous vouliés me permetre de vous envoyer un projet concernant, l’agrandissement réel des treize états-unis de l’amerique, j’ai attendû jusqu’a ce moment, et je prends la liberté de vous écrire une seconde fois, pour vous prier de vouloir bien m’honorer d’un mot de réponse; le projet en question, ne devant être lu que par vous, ne peut s’envoyer que sous une adresse précise, afin qu’il ne soit lu par personne. J’ose croire que vous en serés content, son but est de metre votre nation au niveau des plus grandes puissances de l’europe. Aucune difficulté réelle ne se presente dans ce projet, l’exécution en est aisée, et peut fixer à jamais le sort de l’amerique. C’est le moment ou jamais, de metre ce plan en activité, dans quelques années ce seroit trop tard, c’est à présent l’instant le plus favorable, que je serois heureux, monsieur le docteur, si je pouvois être de quelque utilité à une nation, sur laquelle tout l’univers a les yeux ouverts. C’est des premiers pas que fera l’amerique, que dependra sa force; et c’est dans l’enfance de votre république, qu’il faut jetter ces fondements inébranlables, qui sont la base des états, et qui assurent leur durée, dans les siècles les plus reculés. Le plan que j’ai l’honneur de vous proposer, sera, s’il est mis en exécution, un des fondements des plus durables de votre république, je desirerois, monsieur le docteur, que vous l’eussiés maintenant sous les yeux, vous verriés, qu’il est simple, d’une exécution facile, et bien intéressant pour votre nation, et j’ose dire, qu’il vous étonnera peut-être, surtout, venant d’un homme de mon état, et dans l’impossibilité presque réelle de pouvoir posseder à fond la matiere que j’ai traitée. Si vous daignés, monsieur le docteur, m’honorer d’un mot de réponse, j’aurai l’honneur de vous envoyer sur le champ le projet en question, mes seuls voeux sont que vous l’approuviez, c’est la ou je borne toute mon ambition; tout ce qui porte le nom d’americain, est notre allié et notre ami, et travailler pour eux, c’est travailler pour une seconde patrie.

J’ai l’honneur d’être avec le respect le plus profond, Monsieur le Docteur, Votre très humble et très obeissant serviteur

Desfours l’ainé
Capitaine reformé au régiment du colonel
Général de la Cavalerie
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