From — Prugné (unpublished)
1784 or 1785
A Monseigneur de francklin Ministre plenipotencier des Etats unis de l’amerique septentrionale
Monseigneur,

La juste et bonne Reception qui a été faite a votre Excellence dans ce pais avec l’approbation unanime de la Nation est le Temoignage assuré de toutes les vertus qu’Elle rassemble; fondé sur cette vérité, le Sr. Prugné prend la liberté de Vous réprésenter qu’il a servi Sa Majesté pendat 24 ans savoir 6 en qualité de Volontaire au Regiment de laffere [lassere?], 14 dans les Maréchaussées de poitou et 4 dans le service de l’Amerique, et partout, il peut le dire, avec l’approbation de ses chefs.

En 1780, on lui donna une place de Commis aux achats du Commestible de la Boucherie de l’armée, il mit ses deux filles au Couvent et se rendit a Brest où l’armée étoit commandée par Mr. de Rochambault.

Loin que cette place put l’aider à soutenir ses demoiselles au Couvent, elle s’est trouvée au contraire bien insuffisante, a cause de la cherté des vivres pendant l’année entiere qu’il est resté a Brest.

Etant alors survenu des ordres de passer en Amerique, il y a continué ses services, et son emploi qui ne devoit être que pour l’achat des boeufs seulement, s’est cependant bien étendu. Lorsque l’armée étoit a yorck, les sieurs de Villemanzi commissaire des guerres et Dublegier Regisseur des vivres ont confié à ses soins pendant 8 mois consécutifs la garde du parc de tout le Betail de l’armée et les moyens d’approvisionnement en même tems, les Boucheries établies a Ampton pour la legion de l’ausun.

Cet approvisionnement qui exigeoit les plus sages précautions pour prévenir un enlevement de la part des Thoris, assujettissoit le s. Pugné a voyager chacque semaine d’yorck a Williambourg a Ampton ce qui formoit une Course de 72000 L. qu’il parcourroit avec beaucoup d’activité. Les prix de toutes les auberges par ou il passoit étoient si excessifs, a cause de la proximité des deux corps d’armée, que chaque voyage lui coutoit au moins 90 l.t..

Si le Sieur Pugné a garanti tout le Betail des incursions de l’ennemi il n’a pas eû le même bonheur pour les objets qui lui appartenoient. En effet, on lui a volé son cheval a Ampton et tous les effets qu’il avoit dans une petite Maison isolée servant a la garde de son betail. Cette perte, avec d’autres posterieures encore de deux chevaux peut aller a 6700 l.t.; et il n’a reçu, comme tous les autres employês qui étoient sans perte et inferieurs en grades, qu’une somme de 600 l.t. en gratification.

Les fonctions de son emploi ont cessé avec la guerre, et le s. Pugnè après avoir perdu son fils, mort d’une blessure qu’il avoit reçue au combat Douestan et laissé ses filles au Couvent au grè de leur vocation, se trouve a Paris privé de sa familles sans ressources et dans le plus grand besoin.

Bien informé donc, Monseigneur, de l’excellence de Votre Coeur qui n’a d’autre direction que la justice et la bonté il Vous suplie très humblement de vouloir bien appuyer en cour sa demande. Il paroit raisonnable qu’il soit non seulement indemnisé de ses pertes mais recompensé des services, surtout de ceux auxquels sa place ne l’astraignait pas.

Il desireroit obtenir des bontés de sa Majesté un brevet d’officier invalide dont il ne feroit usage qu’en tems et lieu car pour prouver d’autant mieux à Votre Excellence le zèle qui a toujours été dans sa famille depuis plus de 500 ans pour le service du Roi, il prend la liberté de Vous offrir les siens pour le pais que vous allés habiter et honorer, il se flâte d’être grand speculateur en tous genres et quelque place que Vous puissies lui confier, il s’en acquittera toujours avec autant d’honneur que de zèle et reconnoissance.

Endorsed: Prugne
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