From Joseph Fichet (unpublished)
St. Malo le 8. Decembre 1784.
Monsieur

J’ai armé en 1778. un Navire appellé le Sartine sous le commandement de Sr. C. Rouxel, pour les Etats-unis de L’Amerique: mon dit Capitaine s’est heureusement rendu à Charlestown, dans laqu’elle plaçe il y à fait sa vente; mais quand il fut prest à s’expedier dudit lieu il crut qu’il lui était plus prudent de plaçer une partie de ses fonds sur le Congrès, qu’on lui proposait de prendre à l’Interêt de 6.% par an, que de les risquer tous avec lui: et en effet il y plaça au mois d’Avril 1779. une somme de 13800 Dollars, pour trois ans, à l’Interêt de 6.% par an; au terme de cet accord, au mois d’avril 1783. cette somme, avec les Interêts stipulés, m’auroient dû être remboursée par le chef du Bureau desdits Etats, mais malgré que j’aye remis les papiers ou certificats, avec ma procuration à M. Florian-Charles Mey, Négotiant à Charles-town, pour toucher en mon nom de la personne pré-posée par le congrès, mes fonds principaux, plaçés sur ledit, avec les Interêts, mon dit correspondant m’à toujours marqué jusqu’à ce jour n’avoir rien pû obtenir pour moy, pas même les Interêts, soi-disant parçe que le Congrès n’avait encore rien fait payer, mais que seulement il allait prendre des moyens pour acquitter ses dettes.

En consideration de ce que dessus, j’ai l’honneur de vous prier           vous m’obligerés infiniment de me faire la graçe de m’honorer d’un mot d’écrit de votre part, en ma faveur, pour M. Robert Morris, chef du Bureau des finançes des Etats-unis de L’Amerique, à l’effet d’obtenir de lui, le remboursement de ma somme principale avec les Interêts échus, et dans le cas que je ne pût pas rêçevoir mon remboursement principal, au moins qu’il m’en fit payer les Interêts échus, et par la suite ceux à échoir d’année en année jusqu’à mon parfait remboursement; il ne me paraît pas juste que l’on pût traiter autrement un particulier qui a sacrifié sa fortune pour le bien d’un Etat, dans laqu’elle expedition j’ai perdu beaucoup de mes debours, malgré le retour heureux de mon Navire en ce port audit tems. Ce consideré, permetés moi de vous supplier instamment de ne me pas réfuser la graçe que j’ai l’honneur de vous demander. Je suis d’un très profond respect Votre très humble et très obeissant Serviteur

Jh. fichet
armateur à St. malo
Endorsed: Fichet 8 Dec. 1784.
641807 = 042-u483.html