From Jean-François-Paul Grand (unpublished)
Paris le 5 Juillet 1783.
Monsieur

La rèponse de Messieurs Lecouteulx que vous avez bien voulu me communiquer n’est pas satisfaisante, en ce qu’ils ne s’expliquent point sur l’objet des fonds qu’ils ont à Monsieur Morris; ils se contentent de laisser entrevoir qu’ils en ont en disant qu’ils ne peuvent en faire d’autre employ que celui de les tenir à la disposition de Monsieur Morris suivant ses ordres; mais ce qui me paroit le plus clair dans leur lettre c’est qu’ils veulent proffiter de l’avis que vous leur avez donné et se réserver ces fonds pour avoir l’honneur d’intervenir et payer les traittes sur un protest, ce que l’on veut eviter. Il me semble que ces Messieurs pourroient et devroient concourir à èviter une façon de payer aussi humiliante que deshonorante à tous ègards; encore se font ils peut être illusion; J’ai eu l’honneur de vous faire voir un Etat par lequel les traittes qui restent à payer pour Monsieur Morris s’elèvent à £1,519,528.17s.3d. Peut être que ces Messieurs ne s’attendroient point à cela ni à avancer cette somme à Monsieur Morris s’ils n’en avoient pas les fonds, et alors il auroit mieux valu qu’ils n’intervinssent à rien qu’à une partie. Quant à moi il ne m’en reste plus; Mr. Barklay ne pense pas que ceux qu’il aura à me remettre suivant les ordres de Monsieur Morris, Quand il les aura recouvré, l’Epoque n’en etant pas encore certaine, ne fissent au delà de cent mille livres; Le vaisseau le Duc de Lauzun n’etant pas encore vendu, son produit ainsi que le tems de cette rentrée est incertain; mais quand ces deux objets seroient reçus ils ne feroient pas deux cent mille livres et quest ce que cette somme vis à vis de nos besoins?

Je ne vois donc que les fonds qui sont en hollande capables de nous aider, Messieurs Lecouteulx ne voulant pas en donner et comme nous sommes depuis dix jours dans le besoin le plus préssant et qu’il auroit dèja èclaté sans mes soins, je crois qu’il n’y a pas un instant a perdre de faire partir un courrier pour Messieurs Willinck, Staphorst, et Delalande d’Amsterdam, auxquels il seroit important que Monsieur Adams eut la bonté de confirmer l’ordre que leur donne Monsieur Morris de tenir à ma disposition les fonds qu’ils ont à lui, en leur demandant de lui marquer ainsi qu’à moi en rèponse sur quelle somme je puis positivement compter. On pourroit peut être leur demander en même tems s’il ne leur seroit pas possible de trouver à emprunter une somme sur les obligations nouvelles qu’on leur envoye dans le cas qu’ils ne prèvoyent pas pouvoir la placer dans ce mois et le suivant. Il me paroit important d’avoir tous ces renseignements pour pouvoir nous diriger ici et rêgler nos opèrations. Si l’on ne prenoit pas ce seul parti qui nous reste il en rèsulteroit les effets les plus cruels puisque comme j’ai dèja eu l’honneur de vous le dire n’ayant plus de fonds à Monsieur Morris les miens propres ne suffiront pas pour lui sauver un affront que je ressens au point que si l’Etat ou ceci me met depuis quelques tems devoit durer encore, ma santé s’en altèreroit. Ainsi je vous suplie de m’en tirer de façon ou d’autre et d’agrèer les sentimens Respectueux avec lesquels je suis Monsieur vôtre tres humble et très obeissant serviteur

Grand

Mr. adams a pris comunication de cette lettre et en a ecrit une en consequence aux Banquiers d’amsterdam à qui je lai envoyée avec la miene par un courrier. Ainsy celle cy ne sert plus que pour ce qui regarde MM. LeCouteulx.
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