Les motifs qui ont determiné les Bostoniens a se soustraire a la tyrannie angloise me paroissent si conformes au droit naturel, que j’ay souvent ambitionné d’etre aportée de leurs offrir les services d’un citoyen qui d’abord s’étoit voüé au service de sa patrie, mais que des raisons que je vais vous detailler, Monsieur, ont reduit a mener depuis un an unne vie oiseuse si indigne de tout etre pensant. Lors qu’il a plú a sa majesté de supprimer sa maison militaire ou je servois depuis huit ans, je n’ay rien eú de plus pressé que de voler aupres du ministere pour le suplier de me mettre a portée de continuer ma carriere dans un des regimens soit d’infanterie soit de cavalerie ou il pourroit se trouver place; mais malheureusement pour moy elles se sont toutes trouvées remplies.

Ce qui m’engage a saisir l’occasion ou vous etes deputé dans nos etats, pour vous demander dans vos armées l’employ que vous jugerez convenable a un offitier de huit ans de service. Vous serez peut-etre surpris, Monsieur, du peu d’alentour que je prens pour vous faire ma demande, mais j’ay toujours regardé la methode la plus simple, comme la plus directe, et la plus sure pour parvenir aupres d’un homme qui a sçú se faire admirer jusques dans le continent le plus eloigné du sien, par la force et la beauté des discours qu’il a pronouncé au milieu d’une assemblée a laquelle il vouloit enfin faire connoitre le droit des gens. J’ose donc vous suplier, Monsieur, si vous octroyez ma demande, de m’honorer d’unne reponce. Dans l’instant je me rendray à Paris pour vous y faire ma cour et vous prouver par des certificats authentiques la verité de ce que je vous annonce. Je l’attens avec bien de l’impatience et suis avec respect Monsieur Votre tres humble et tres obeissant serviteur