From Comte d’Escordeck (unpublished)
A orléans le 6 Juillet 1777

Proposition d’une Offensive avec diff[er]entes machines de guerre, Par le Comte D’escordeck Lieutenant colonel de cavalerie Commandant

Monsieur,

Quarante deux ans de service et de travaux sous Differentes puissances, m’ayant fait découvrir les inconveniens qu’occationne la maniere dont on fait la guerre aujourdhuy, convaincu que la fortune, et le hazard trompent souvent La prévoyance des généraux, et qu’une seule bataille perdue après de nombreuses victoires, peut mettre un état, à deux doigts de sa perte; Jai cherché un moyen qui put assurer toutes les opérations des campagnes, et le succés des enterprises militaires les plus douteuses.

Jai imaginé des lignes redoutes et brouéttes de guerre Portatives en tous lieux, quelconques; chacune des dites lignes redoutes et brouéttes de guerre seront garnies de mille fusils ordinaire de deux pièces de canons et de deux mortiers;

Au moyen de ces machines et par la manière de les servir et manoeuvrer, ce qui sera très facile, je puis avec trois cent des dites lignes, redoutes et brouéttes, et avec vingt cinq mille hommes, resitér non seulement aux tentatives d’une armée de trois cent mille hommes, mais encore l’anéantir ou l’obliger de renoncer à toutes entreprises:

Je propose un pont de toile portatif partout, d’une utilité et commodité incroyables, et que l’Expérience seule peut faire comprendre; ce sont des pontons mis les uns aux autres qui ne peuvent jamais être submergés ni coulés à fond, quand même ils seroient criblés de Canons, et dont le transport et l’établissement sont egalement faciles.

En outre: Des Echelles d’une nouvelles construction pour monter à Couvert, à l’assaut des villes;

Des charéttes a trois roues pour le transport des munitions de Guerre;

Des cuirasses propres à garentir les soldats des coups de sabres de bayonnéttes et à l’épreuve de la mousqueterie et qui par leur légéreté ne gênent en rien l’action du soldat.

De plus encore, une piéce D’artillerie d’une matiere légere portative à cheval, peu couteuse et d’un grand service.

Les lignes et redoutes et brouéttes s’étendent, s’alongent, se doublent, se divisent, et se ployent par les plus simples manoeuvres et avec la plus grande facilite; leur feu est égal, serré et surtout leur front: il devient plus vif aux endroits marqués avec la même promptitude que les Evolutions d’un bataillon sans être exposé au désordre pendant ces m’anoeuvres, et peuvent donner jusqu’a quatre rangts de feux de hauteur sans aucune confusion, ces lignes redoutes et brouéttes, mouvantes comme un bataillon, pénétreront dans les vuides ou elles se seront fait jour, forceront par un aussy grand feu, et prendront alors par les flancs et par ses dérrieres l’armée ennemie.

On peut les disposer de maniere à ocuper deux lieues de terrein a proportion de leur nombre, rangés en ordre de bataille quoi que donnant quatre rangs de feu de hauteur sans les troupes reglées et le Corps de réserve; un front de cette Etandue couvrent entierement les flancs de votre armée; ses dérrieres sont garentis par le corps de réserve; vos munitions et bagages sont dans la plus grande sureté, et au moyen du bon ordre, la position de larmée ennemi telle quelle puisse être devient toujours désavantageuse: toutes les situations sont bonnes pour les dittes Redoutes etc.

La Sureté des convoys munitions, bagages, attendu les redoutes établis de distance en distance sur les routes; celle d’un camp qui ne peut jamais être surpris; la facilité de fortifier les villes, bourgs, et villages et de les rendrent inabordables; celle de Deffendre surement les passages des rivieres et beaucoup mieu que par les redoutes en terre que l’ond fait aujourd’huy et qui ne peuvent s’établir que par un grand travail, et qui n’etant point portatives devienent souvent inutiles et quelquefois nuisibles; la Commodité d’avoir en tout temp un Camp rétranché; celle de se mettre en deux heures à l’abrie du Canon; enfin celle d’oster a l’ennemi la posibilité de faire une Déscente en quel lieu que ce puisse être et de le contraindre à se retirer décidera pour ma métode à l’exclusion de toute autre.

Le moyen que je propose Dans m’a disposition de guerre pour deffendre les villes et autre places est d’une si grande sureté et d’une évidence si demontrée qu’avec quinze redoutes seulement garnies de quinze mille fusils de trente piéces de canons et de trente mortiers ainsy que les remports qui seroient garnis aussy de quinze mille fusils feroient emsemble un feu qui résisteroit contre une armée de soyxante mille hommes uniquement occupé au Siège; Je ne demanderois pour la plus forte ville que trois mille hommes de garnison sans la surcharger de travaux ni trop la fatiguer. On diminuroit les forces à proportion de leur grandeur.

Quand à l’attaque des villes ennemies, au moyen de redoutes et Brouéttes de guerre, le succès en est certain et joffre de reduire la plus forte ville en quinze jours.

Je puis assurer avec vérité qu’une petite armée de vingt cinq mille hommes et mes trois cent redoutes gouvernés selon mes moyens vaudra une armée de trois cent mille hommes, or ma maniere de faire la guerre est d’une économie bien considerable lorsque par proportion on estimera la Difference de la depence qu’il y à de 25000 hommes a 300000 hommes.

Jose me flater que les moyens que je donnerai sur mon expérience De faire la guerre, seroient d’un grand avantage pour le Succès qu’esperent Messieurs les Bostoniens; Succès que je leur souhaite de bon Coeur: s’ils vouloient me donner leur confiance j’expulserois les Anglais de l’amerique en deux campagnes seulement et les mettrois à jamais dans limpossibilité de prétendre aucunes enterprises sur la nouvelle et estimable république: si mes services et mes moyens peuvent être goutés et bien vus de vous, Monsieur, Je vous prie de me faire Reponce. J’ai l’honneur dêtre bien véritablement, Monsieur, Votre três humble et três obéissant Serviteur

le comte d’escordeck

n.b. Je n’ose me proposer au service de Messieurs les Bostonniens que d’apres l’agrément du gouvernement; ne voulant pas àbandonner le serviçe de france.
Endorsed: Proposition de Monsieur Le Comte de Scordeck
628131 = 024-275b001.html