Vos lettres des 24 8bre et 10 Xbre, mon cher et venerable confrere, m’ont fait un grand plaisir. Votre santé résiste aux deux infirmités dont elle est attaquée, et après avoir terminé votre Présidence, vous allez gouter dans la solitude de la campagne le repos du sage et jouir en paix de la douce satisfaction d’avoir éclairé les hommes et de leur avoir appris à acquerir et à maintenir la liberté. Vous y terminerez bientôt j’espere l’Ouvrage interessant que vous avez promis à M. le Veillard, et qui sera pour vos amis la source de souvenirs interessants en les entretenant de vous malgré votre éloignement.

Nous aurions bien besoin ici d’une tête comme la votre, pour concilier les diverses opinions qui nous partagent, les interêts qui nous divisent, et pour nous apprendre que c’est dans la satisfaction de l’intérêt general que les interêts particuliers trouvent encore leur plus véritable satisfaction.

Le tems me manque pour en causer avec vous aujourd’hui parce que l’occasin que m’indique M. Morris est pour demain, je profiterai donc de la premiere pour une plus longue conversation.

Je vous remercie de la bonne connoissance que vous m’avez procurée dans M. Morris, j’en profiterai peu étant obligé de partir pour la convocation des Etats Generaux dont l’élection m’appelle dans une Province éloignée. Toute notre famille se porte bien, et vous dit mille choses, ma mere à la tête. Ne m’oubliez pas auprès de vos petits fils et recevez, mon cher et respectable confrere, l’hommage de mon tendre attachement