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Mémoire

Les états unis de L’Amérique ont besoin plus que Jamais d’inspirer au commerce françois une confiance assés grande pour que les expéditions des choses necessaires aux armées continentales et à l’habillement des habitans, Se continuent au moins jusqu’au tems où l’on pourra S’en Passer.

Attirés Par L’Esperance et l’apparence de gains considerables, les négocians francois ont multiplié leurs expéditions: mais éclairés par l’experience qui leur a appris que les retours de L’Amerique ne couvrent pas meme leurs mises; et les fonds qui leur restent là bas pouvant perir dans les mains qui en Sont les depositaires, il est vraisemblable qu’ils cesseront tout armement, ou qu’ils Se reduiront à fort peu de chose; ce qui mettroit nos alliés dans un grand embarras.

Un Jour viendra, Sans doute, ou le Commerce entre la france et L’Amérique Se Soldera par L’echange Reciproque des marchandises ou denrées de chaque nation balance indispensable, Sans quoi le commerce entr’elles devroit necessairement Cesser.

Un jour viendra aussi, où La guerre etant finie les états unis payeront leurs dettes, et où les choses rentreront dans leur ordre Naturel.

Mais en attendant ces epoques, qui, peut etre, ne Sont pas très eloignées, on pense que les états unis doivent employer tous les moyens qui Sont en leur pouvoir afin d’engager le commerce de france à continuer Ses opérations.

Disons le mot. L’Interet Seul fait agir les Commerçans.

Qu’on leur montre en Amérique des moyens de faire des retours en denrées, marchandises, ou en papiers qui les representent, chacun S’empressera de reprendre Ses opérations.

Le Congrés a deja fait un premier Pas en assurant que les intérêts des Sommes qu’il doit Seront payés à Paris. Sans aller plus loin, l’objet du commerce Sera rempli en changeant Seulement les formes.

C’est par des Lettres de change tirées Sur Paris par les officiers du Congrés qu’on veut faire payer les intérêts; on demande au contraire que l’on paye les interets à Paris aux porteurs des contrats ce qui est absolument La meme chose Et ne peut Tirer a aucune Consequence.

Le Banquier par qui on auroit fait acquitter les Lettres de change, sera Le meme par qui l’on fera Payer les Rentes. Les frais ne Seront ni plus ni moins considerables pour les differentes formes.

On n’a aucuns doubles emplois à craindre. Au moment qu’on remettroit des fonds aux officiers du Congrés, on conviendroit que les intérêts en Seroient payés en Amérique, ou en france rien ne pourroit changer cette condition.

Tous les contrats Seroient passés en minute, et deposés chés les Notaires du Congrés, qui en delivreroient autant d’expéditions qu’il Seroit Jugé necessaire pour les envoyer en Europe en Sureté. On ne pourroit etre payé des rentes que Sur une Seule de ces expéditions, tout comme on n’est payé des Lettres de change que Sur une Seule quoiqu’il y aye plusieurs duplicata de La meme.

Ces arrangemens Pris Et Solemnellement annoncés les états unis peuvent compter Sur les plus grands efforts de La part du commerce françois.

Le Roy de france, L’Espagne, L’imperatrice Reine, La Suede, L’imperatrice de Russie, Et plusieurs princes font payer des rentes hors de Leurs etats dans les memes formes qu’on le propose aux états unis.

Ces Reflexions Sont Soumises à La Sagesse du Congrés dont les resolutions ne Sauroient etre trop promptes ni assés tot connues./.

Notation: Memoire
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