From — de Beauquesne (unpublished)
paris ce 11 aoust 1782
Monsieur,

J’ay ajoûté environ douze Lignes au projet que j’ay eu L’honneur de vous presenter, j’ay celui de vous en envoyer cy joint ma nouvelle copie:

M. le chevalier de beauteville, Lieutenant genéral des armées du Roi, cydevant ambassadeur en Suisse, et ami intime de M. le Marquis de Castries, a bien voulû se charger de le presenter lui même à ce ministre. M. Montagne qui aura l’honneur de vous Remêttre cette Lettre, a sur lui les deux Lettres, qui m’ont eté ecrites Relativement à mon projet. Si votre Excêllence desire en savoir le contenû, il aura l’honneur de les mêttre sous vos yeux. Ma situation est affreuse, et ma fille qui la partage me la fait doublement sentir. Il y a Longtems que je devrois avoir fait le voyage de versailles pour y solliciter un dedomâgement proportioné aux pertes que j’ay faites dans deux malheureuses Epoques, celle de ma detention en angleterre, et celle de mon naufrage au havre de grace, mais je suis arretté par la cruelle gesne ou je me trouve. Il en coute beaucoup, Monsieur, à ma delicatesse pour vous tenir le Langâge du besoin, mais d’apres l’opinion qu’on m’a donnée de la bonté et de la discretion de votre Excêllence, je suis bien persuadé, que si votre pouvoir vous le permêt, Vous ne rejetterez pas la confiance que j’ose faire paroistre dans vos bontés, dans une de ces crises de peine où le coeur abattû n’a point a rendre compte à la fierté, un petit Secours, qui me viendra si a propos, je puis bientôt etre à même de le Rembourser avec autant d’Exactitude que de Reconnoissance et à votre Excellence plus qu’a toute autre personne, je desire avoir obligation.

Je suis avec un profond Respect, Monsieur, Votre très humble et tres obeissant serviteur

De Beauquesne

Endorsed: Beauquesne 11. Août 1782.
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