From — Longchamps (unpublished)
ce 26 Janvier 1784
Monsieur,

Il y a environs dix ans qu’un ancien colonel de Cavalerie et chevalier de st. louis confia les soins de l’education de son fils au mien. Cet homme respectable avoit composé dans les moments de son loisir un Livre ayant pour titre L’esprit des Etats, ou des conditions que lhomme peut embrasser. Il crût recompenser mon fils de ses soins, en lui faisant present de ce manuscrit qui a restè jusquà ce jour chez moi sans que jaye songé a en faire usage. Des circonstances facheuses et des pertes successives et reïterés dans mon commerce m’ont fait ressouvenir que ie pouvois tirer parti de cet ouvrage. Depuis quelques jours ie lay présenté a plusieurs Libraires qui tous d’une voix unanime ont jugé quil êtoit bon, mais que les circonstances actuelle les forçoient a ne se charger d’aucune espece d’ouvrage vû que leur proprieté n’etoit que momentanée. Je me suis alors adressé a Mr. le Recteur au College Mazarin, qui après avoir jetté un coup d’oeil rapide sur ce manuscrit en a porté le même Jugement, ce que vous pouvez voir par la Lettre qu’il me fait l’honneur de mécrire a ce sujet et que mon fils peut vous communiquer. Je prend donc la Liberté de m’adresser a vous Monsieur comme Réprésentant d’un Nouvel Etat formé par vos Soins et qui le réprésenté auprés de la nation française. C’est au philosophe rempli d’humanité dont le nom est aussi celebre que celui de Colomb qui découvrit L’amerique que vous avez illustré par vos vertus que ie me recommande en ce moment. Cet ouvrage peut servir a Linstruction de la Jeune noblesse anglo-ameriquaine. C’est un espece de Livre classique qui peut être adopté dans les humanités. Si vous êtiez dans L’intention Monsieur de L’acheter, ie m’en raporterois a vôtre Justice sur le prix. Ie me trouve dans ce moment accablé de chagrin occasionnés par des besoins préssans par les pertes que J’ay faites, mon commerce pourra reprendre quelque vigueur au printems prochain, mais en attandant il faut que i’existe. Je n’ay trouvé dans les personnes que J’ay obligés autrefois dans des tems de prosperités que des Ingrats et a present mon travail et celuy de mes enfans ne nous procure quune existance prequaire. Pour toute ressource Jay dans ce moment une fourniture pour des marchands de Seville dont ie n’avoit pas de nouvelles depuis six ans. Le prix que vous metterez a ce manuscrit me metteroit dans le cas de pouvoir satisfaire a leur commande en me procurant un soulagement dans ce moment critique. Jose donc Monsieur implorer votre sesibilité sans avoir l’honneur dêtre connu de vous. Le recit quon fait des excellentes qualités de votre coeur ont percé jusques a moi et m’ont enhardy a implorer vôtre Secours si vous ne dédaignez pas ma priere. Soyez trés persuadé que ma reconnoissance ne finira qu’avec moi. J’ay l’honneur dêtre avec le plus profond Respect Monsieur Vôtre tres humble et tres obeissant Serviteur

Longchamps
marchand Géographe rue et college des
cholets près L’ecole de droit
Endorsed: Longchamps 6 [sic] Janv. 1784
640876 = 041-u282.html