From — Pigault de Lepinoy (unpublished)
Calais le 11 7bre 1782
Monsieur,

Le Culte Romain venère ce qui a servi a l’usage de son Canonisé: les Reliquaires exposent, a l’imitation, le souvenir des vertus chrétiennes: les Tableaux, les Statues, les Mausolées, l’histoire enfin immortalisent le héros et le grand homme dans tous les Genres.

Mais a celuy qui arracha la foudre au Ciel et le Scêptre aux Tyrans, quel Monument auguste la Posterité ne luy élévera telle pas?

Si votre Mémoire, Monsieur, sera immortelle, si l’humanité, et la Philosophie ont gravés votre nom dans nos Coeurs, et la Liberté dans celuy des Ameriquains, si votre Patrie vous érigera des autels, si l’Enthousiasme d’un fondateur d’une Republique, survivra a vous meme: il sera un temps ou vous n’existerez que dans l’admiration des siecles futurs; c’est alors, Monsieur, que ce qui a servi a votre Immortalité, sera pretieux, et retracera aux yeux du Possesseur de ces objets, le souvenir du grand franklin. L’unique objet de mes voeux est d’être ce Possesseur.

Une demande de ce genre, de la Part d’un Inconnû n’a rien de surprenant: quiconque vous connoit, Monsieur, quiconque a lû l’ouvrage de l’abbé Raynal, et s’est pénêtré du sentiment qu’il inspire pour Votre Personne ne peut qu’ambitionner la Possession de quelques uns des Instruments de votre Immortalité.

Vôtre Estampe, Monsieur, une Paire de vos Lunettes, et une de ces plumes qui ont tracé la gloire et le salut de l’Amérique: tels sont les objets de toute mon ambition: les Refuseriez vous a ma Priere, et aux Sentimens de Respect, d’admiration, et de Vénération avec lesquels J’ay l’honneur D’etre, Monsieur, Vôtre très humble et très obéïssant serviteur

Le Président Pigault de Lepinoy
Ancien Maire de Calais
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