From Jean-Frédéric Wyss (unpublished)
Longwy le 29 Mars 1778.
Monsieur,

Permetté moi d’interrompre un moment les grandes occupations que vous devois avoir pour la continuité des succes et la prospérité de vottre chere Patrie, pour vous faire ressouvenir d’un officier du Regiment d’Erlach Suisse, qui a eu l’honneur de vous parler le jour de paques dernier pour vous offrir ses services, et auquels vous dittes que toutes les commissions etoient remplies, que vous n’aviois point d’ordre d’en donner d’autre que vous ecrirois pour cela, que lorsque vous en auriois une Réponse vous m’en feriois part; en conséquence je vous avois laissé mon adresse au cas que mes offres fussents acceptées; deux mois aprés j’eu l’honneur de vous ecrire, de vous faire un détail de ma personne, de mes petits talens militaires et de mon ardeur à servir sous les Drapeaux des Etats unis de l’amérique. Comme je n’ai point eu de Reponse depuis j’ai tout lieux de croire que vous m’avois oublié; celle-ci est donc Monsieur pour vous réitérer les memes offres, dans l’espérance que je serois plus heureux que l’année passée, et que peut etre il pouroit se présenter des Places, ou des occasions ou vous pouriois mettre le Zele que j’aurois toute ma vie pour la cause des treizes Etats Unis en activité.

Cependant Monsieur je ne veux pas pour cela quitter le certain et le service du Sage Roy qui fait le Bonheur de la france et l’admiration de l’Europe, que j’aime, que je sers avec le plus grand plaisir, et avec tout le zéle possible dans mes petites fonctions, ainsi qu’une Nation pour laquelle j’aurois toujours le plus grand attachement; mes sentimens ne me perméteroit pas de quitter si la guerre tant désirée entre la France et l’Angleterre a lieu, surtout si elle se fesoit sur terre, c’est a dire en Allemagne ou en flandre, je croirois qu’il y auroit une Espece d’ingratitude de quitter le Roy qui ma donné du pain pendant 16 ans de Paix pour m’employer en tems de guerre; mais si la guerre ne se fait que sur mer, vous me renderois le plus grand service de m’employer, et si vous Monsieur ou vos Compatriotes trouvent mes services agreable et de quelqu’utilité, vous pouricis facilement m’optenir un congé de deux ans ou dix huit mois, de cette façon je ne serois pas obligé de quitter le Régiment ou j’espere avoir dans peu une Compagnie, ayant deja commencé a servir dans les colonies et qui fut reformê a la paix; je sers dans celui-ci depuis 1765, je suis agé de 33 ans, je me suis toujours occupé des ma tendre jeunesse a la Théorie de l’art Militaire; mon Pere qui est un ancien officier Rétiré avec des pentions et la Croix du Mérite m’en a donné les premiers Elémens, je possede un peu de Géométrie j’ai de bonnes connoissances sur la fortifications, et sur ce qui se pratique dans les Ecoles du genie en france, je leve et déssine les plans et cartes Militaires, j’ai de plus une Bonne Théorie des Grandes Maneuvres ou Tactique, des Marches, changemens de Positions, assiétes des Camps, méner et ouvrir des Marches au Colonnes d’une armée et surtout Discipliner et Rompre un Regiment a toutes les maneuvres et je parle l’Allemand, le François et depuis cet hiver je jargonne un peu l’anglois, en un mot Monsieur je me laisseral employer a tout ce qui poura etre utile aux Etats uni, qui doivent avoir beaucoup de Déserteurs et de prisoniers allemands, mais je crois peu d’officiers de la meme Nation qui auroient autant d’attachement a les servir que moi. J’aurois eu l’honneur de venir vous trouver cet hiver a Paris mais par ménagemens pour mon Pere qui ne voit pas avec plaisir le gout que j’ai de passer en Amérique, je n’aurois l’honneur et le plaisir de vous voir que quant je saurois quelque choses de Positif, je sais aussi que mon Pere vous a fait parler par Monsieur Grand Banquier cet pourquoi je ne peu pas employer les protections que je pourois avoir auprès de vous, mais cela Monsieur ne doit pas vous arréter. Dailleur mon Pere (qui a toutes les foiblesses de son grand age) n’a d’autre autorité sur moi que celle du Respect filial, et n’aura jamais le pouvoir de s’opposer a la vocations que je me sens, il vient meme de me proposer un mariage avantageux de la part de mes Parents, que j’ai Réfusé parce que nous allons avoir la guerre et qu’il est opposé aux Desseins que j’ai et qui fait le sujet de cette Lettre; ce Dessein est même si fortement Résolu chez moi, que si je ne peu pas aller en Amérique pendant qu’on poura avoir bésoin de moi, j’y passerai lorsque je serois tout a fait mon Maitre dans 8 ou 10 ans avec toute ma fortune, comme simple habitant pour cultiver quelques Déserts, dans un Pays ou les moeurs ne doivent point etre corrompues, ou la Liberté et de sage Loix doivent etre dans toutes leurs vigueurs, et pour lors je prenderois de nouveaux la Liberté de Réclamer l’honneur de vottre Protections.

La personne qui aura l’honneur de vous rémettre cette Lettre est un de mes Camarades qui poura vous donner tous les Détails que vous pouriois Désirer, et a qui je vous prie avec la derniere instance, de me faire la grace de lui rémettre seulement une signe de Réponse, sur les offres et propositions que j’ai eu l’honneur de vous faire, et me donner (si c’est un Effet de vottre Bonté) les Raisons et obstacle qui pouroient les faire Réfuser au cas qu’ils le soyent; je vous assure Monsieur qu’il ne se tire pas un coup de fusil en Amérique que je ne voudrois y etre, et que je suis toujour faché quant je lis les Rélations de quelqu’avantage remporté sur vos Ennemis, de ne pas m’y etre trouvé. Ce n’est qu’avec Vous Monsieur que je voundrois avoir a faire et a traiter, Vottre Rang, le succes de toutes vos Enterprises, vos Vertus, (bien plus encore que vos sciences) les justes Eloges que Vous donne toute la france, doivent faire Réchercher avec Empréssement l’honneur de Vottre Protections, amitiez et Bienveillance, et Vous attirer la confiance de tous les honnetes gens, et surtout de celui qui fera son possible de mériter l’honneur de la Vottre; et qui se dira en tout tems avec le plus profond Respectm la plus haute Estime et le plus vif attachement, Monsieur, Vottre tres humble et tres obeissant serviteur

Wyss
Lieut. au Regt. Suisse d’Erlach
p.s. Je suis entré dans beaucoup de Détail parce que j’ai tout lieu de croire que mas premiere a ettée perdue puisque je n’ai pas eu l’honneur d’une Réponse.
Endorsed: M. Wyss Off.
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