— de Pio to the American Commissioners (unpublished)
A Paris ce 22 Janvier 1785
Messieurs

Ayant eu l’honneur de mettre sous les yeux du Roi mon maitre votre lettre du 27. 7bre. 1784 et Sa Majesté ayant fait mûrement examiner les propositions et les offres qu’elle contient à l’effet de l’engager a conclure avec les Etats Unis un traité d’amitié et de commerce, m’a chargé de vous assurer que rien ne peut lui faire un plus grand plaisir, puisqu’elle donne tous ses soins à l’agrandissement du commerce de son Royaume, tant interieur qu’exterieur. C’est meme dans cette vue que Sa Majesté a dernierment ouvert et etabli à Messine en Sicile un port franc, dont toutes les nations sont invitées a profiter, avec d’autant plus d’assurance qu’elles y seront reçues et acculies tres favorablement, et certaines d’y jouir de toute sorte de privilèges et immûnités, comme l’edit cijoint vous le prouvera. Je vous prie, Messieurs, de vouloir bien éxaminer les avantages qui peuvent resulter pour vos compatriotes en frequentant ce nouveau port.

Je suis en outre chargé, Messieurs, de vous faire au nom de Sa Majeste, une déclaration formelle que tous les batimens marchands, avec pavillon des Etats Unis, seront reçus à Messine avec les marques de la plus sincere Amitié, et qu’ils y eprouveront les effets de la plus grande hospitalite; que pareillement dans tous les autres ports de Sa domination ils seront traités avec tous les egards possibles; qu’on viendra toujours à leurs secours, en leurs fournissant tout ce dont ils auront besoin, et qu’ils auront la liberté d’y commercer, tant sur les productions de leurs pays que sur les marchandises provenantes de leurs manufactures et de celles des autres nations.

Le Tabac étant la partie la plus essentielle du commerce de l’Amerique, comme vous m’avez fait l’honneur de me l’observer dans un de nos entretiens particuliers, je dois vous prévenir, Messieurs, que cette plante est devenue maintenant dans les Etats du Roi mon maitre un genre de commerce libre, par l’abolition de tous les droits auquels elle était ci devant sujette. A l’egard des autres productions, vous aurez non seulement toute la liberté de les introduire dans ses Etats, et en aussi grande quantité que le porteront les demandes de Napolitains, mais encore celle d’y faire venir pour le reste de l’Italie, du Levant et de toute autre contrée, la quantité de marchandises que selon vos spéculations vous jugeréz necessaire; que vous jouirés des mêmes libertés et facilités pour exporter du Royaume de Sicile de l’huile, du vin, des soieries, et toute autre production que les Siciles pourront vous fournir et qui seront pour vous des objets d’utilité et d’agrément.

Le Roi mon maître n’a pas voulu differer davantage a vous donner, Messieurs, les marques les plus convaincantes du desir qu’il a d’avoir des liaisons avec les Etats Unis, et a leur prouver sa bonne volonté a entrer le plutôt possible en relation de commerce avantageux pour les deux nations; se reservant Sa Majesté de prendre telles delibérations et resolutions qu’il conviendra pour conclure dans toutes les formes un traite de commerce, selon que vous avez paru le desirer par votre lettre.

En attendant que ma cour puisse éxaminer et peser mûrement tous les objets qui sont à régler dans un traite de cette nature, je crois, Messieurs, qu’il serait très avantageux aux Américains de commencer dès à présent à fréquenter les ports des Siciles, et particulierement celui de Messine, pour y établir toujours de relations de commerce, sur lequelles on pourra ensuite stipuler plus précisément dans le traitté a faire.

Permettez, Messieurs, que je vous observe encore que pour établir et exercer un commerce de telle etendue qu’il soit, et dans tel pays que ce puisse être, il n’est pas necessaire d’être primitivement autorisé par un traité. Il suffit que les étrangers y soient accueillis avec amitié et protégés par les loix et par le gouvernement. La preuve en est que toutes le nations qui font maintenant le commerce le plus étendu dans les Siciles, tels que les Anglais, les Francais, les Génois, les Vénitiens, les Ragusiens, les Hambourgeois, n’ont avec ma cour aucun traité de commerce; et quoiqu’il n’y ait entr’elle et la France qu’un commencement de traité, les Francais n’en attendent point la conclusion, pour y faire un commerce des plus étendus et des plus avantageux.

J’ai l’honneur d’etre avec la consideration la plus distingiée Messieurs Votre tres humble et tres obeissant Serviteur

de Pio
Chargé des affaires du Roi de Naples
Addressed on the cover: A Messieurs Messieurs / les Commissaires Americains etc
Endorsed: A communication from the Court of Naples in answer to the propositions made to it by the American Ministers.
641934 = 042-u611.html