From August Friedemann Rühle von Lilienstern (unpublished)
Votre excellence,

La glorieuse naissance du nouvel etat des provinces unies en amerique offre de plus d’une juste au bien commun du genre humain, la plus heureuse revolution. Je souhaite moimeme d’en profiter a mon avantage personel.

Je suis juriste de profession; oeconome expert pour la ville et la campagne actuellement lieutenant general de police et justice de Alteville (?) et des environs. Outre les occupations ordinaires de mon etat jai depuis 1773 pour le bien de l’industrie composé et mis en execution à mes fraix personnels un plan d’intelligence. J’ai fait imprimer une collection de toutes les constitutions de la principaute de nassau anwall(?) depuis plusieurs siecles; dapres lesquelles jai entrepris de faire un extrait sistematique et politique a l’usage de la cour de nassau. Ce travail et ces ordonnances mont fait appercevoir la source de misere et de disette qui souvent oppriment et le pauvre paysan chargè de famille et les jeunes gens nouvellement etablis qui tres souvent faute de moyens ne peuvent devenir ni bourgeois (?) ni membre d’aucune maitrise. Cette source de misere sembloit toujours inepuisable parcequon rencontre toujours des vieilles constitutions opposees et qu’on navoit pas le courage de faire changer ou de supprimer, trop de populace etoit une infirmite incurable pour l’etat.

Cest pourquoi jay resolu dassembler les malheureux de ces environs ainsi que ceux de toute l’allemagne et de les transplanter dans un autre canton du globe terrestre, ou mis en activite ils deviendront des citoyens plus utiles et plus fortunes.

En consequence jai fait un tour avec le college imperial des orphelins de st. petersbourg en russie; mais aujourdhui mes amis, mes associés et moi meme prefererions les provinces des etats unis de lamerique.

Mr. le comte de Wideruhkel (?) m’a deja proposé une communauté entiere, composée de quelques cent familles de laboureurs avec lesquels il a en proces pendants a la chambre imperiale et qui sont tellement appauvris que les huissiers de justice leur ont deja saisi et vendu leur betail et tout leurs biens restant incultes, il maccorde son territoire pour y faire mon depot dans plusieurs autres endroits on ma promis solennellement de m’etre favorable. Je ne doute nullement que des le commencement je ne puisse peupler si je suis soutenu un canton de 30 a 40 lieues dallemagne.

Tout dependroit de ces conditions; quon accorde aux emigrants une solde journaliere jusqu’a leur depart apres les avoir defrayes en route et aussitot arrives qu’on leur procure un certain nombre de betail a labourer et des bestiaux a elever; qu’on leur fournisse des outils de labourage et propres a dautres metiers, les boutiques requises pour relieurs apothiquaires etc. et surtout un canton de terrein prealablement determine dont la plus grande partie seroit en bois et situee sil est possible pres dune riviere qui fut naviguable du moins a

Il faudroit que ces nouveaux colonistes ne fussent point charges d’impots pendant 10 à 12 ans ni forces de sortir de leur province pour le service militaire. Il sera accordé tant sur le terrein que je peuple que sur les colonistes une certaine rente allodiale tant a moi qu’a mes heritiers et la jouissance totale des revenus de la province; a lexception de largent que les colonistes seront obligés de verser dans le tresor militaire de letat afin que jaye le moyen assure davoir au moins deux secretaires et de faire les voyages nessessaires; il me sera permis de distribuer du terrein irrigué plus ou moins        aux personnes qui auront le plus contribue a cette entreprise et a cet enrollement; il depend a present de votre excellence instruite de tout cela de metre d’autres conditions. Je demande prompte reponse afin que les ameriquains anglois ne prennent pas les avances et ne fassent pas un enlevement general par le Canada anglois, tout depend du premier coup de filet et de savoir pour quel pays et dans combien dendroits dallemagne il sera tiré juste.

Mon plan projette pour les colonies russiennes sera egalement pratiquable pour celles de lamerique. Comme je compte aussi y conduire des artistes, des fabriquants, des negotiants pour differents etablissements, un fond public ou des impositions justes et privées sont indisìensables. En general sans argent et sans autres moyens lindustrie ne peut ni engager dactivité ni ouvrir un commerce commode avec ses voisins mais comme les colonistes pour lordinaire apportent pas avec eux beaucoup dargent tous   devroient faire cause commune, chacun avoit son travail designe tout profit et ouvrage fait, livré dans son magazin dou lon distribueroit a chacun selon ses besoins l’argent des particuliers comme pret mis en commun et apres cette communaute disposee vendre a chacun son revenu bon prorata avec les interets. Je souhaiterois pendant dix ans faire cet etablissement politique dans la colonie. Je suis de la religion reformée age de 39 ans j’ai feme et enfants et beaucoup de parents la plupart places dans des cours dallemagne, un frere dans le regiment royal deux ponts en amerique, je ne suis pas fortune mais jusqua present dans mon    de bonne sante, le desir detre utile et de conserver la reputation dun honete homme, jai lhonneur detre etc.

francois Rühle

Lettre de francois ruhle Bailly de son altesse le prince dorange et de nassau ? ? ?
639345 = 039-u149.html