From La Société Patriotique Milan (unpublished)
Milan ce 5 Mai 1786
Excellence

C’est une gloire pour notre Société de pouvoir compter parmi ses Associés Correspondans un des plus grands Genies du Siecle, et Le Bienfaiteur des deux hémispheres; et c’est aussi un bonheur pour moi que d’être L’interprete de ses Sentimens. Elle me charge de prier Votre Excellence de vouloir bien agréer le témoignage de la plus haute consideration, en consentant d’être son Associé Correspondant; car elle est bien sure de profiter de vos Lumieres, qui, embrassant toutes les branches des connoissances humaines, savent les faire concourir au bonheur de l’humanité. Nous ne doutons pas de puiser chez vous des instructions importantes, même à l’égard de l’agriculture, quoique cet art precieux soit en honneur chez nous depuis Le XIII siecle. C’est alors que des mains republicaines Le releverent avec toute L’energie de La Liberté de l’annéantissement oú L’avoit jetté L’esclavage féodal. Mais Le meilleur des Souverains vient de faire bien plus à présent par L’égalité des taxes, par L’uniformité et La Simplification des Loix, par La diminution des impots, et surtout par La Liberté, redonnant à L’industrie toute sa vigueur; et notre Société se croit bien fortunée de pouvoir seconder ses soins paternels.

C’est pour nous mieux acquitter de ce devoir sacré que nous cherchons à avoir des Correspondans dans les Païs étrangers, pour profiter de Leurs connoissances. C’est à cet objet que nous prions La Société Philosophique à la quelle V.E. prèside à nous communiquer soit Les productions de la terre qui ne nous sont point communes, soit Les Lumieres qui font fleurir chez Vous L’Agriculture et les Arts.

Outre quelques Livres, dont notre Société fait présent à la votre, et dont Me Le Dr. Rush vous aura sans doute déjà parlé, je joins dans le Pacquet de V.E. Le premier volume Les Actes de notre Société, et quelques papiers que la Société vient de publier.

Je suis trop peu de chose pour offrir mes services à V.E., mais je me croirois bien fortuné si j’étois honnoré de vos commandemens pour vous Temoigner par Le fait La haute éstime, et Le profond respect avec Lequel j’ai L’honneur d’être De V.E. Votre très humble et très obeissant Serviteur

Charles Amoretti Secret.
perp. de la Société Patriotique.
643086 = 044-u099.html