From Rodolphe-Ferdinand Grand (unpublished)
Paris ce 5 Janvr. 1783
Monsieur

La lettre dont vous m’avez honoré me demande mon Opinion sur celle qu’elle renfermoit de Mr. Lecouteulx et [Cie] qui desirent scavoir si vous pouvez vous engager de leur fournir jusqu’à Deux Millions et demi pour les Achats de Piastres quils ont à faire pour M. Morris. Je ne puis ni ne dois avoir d’Opinion à ce sujet, mais pour fixer la vôtre, Monsieur, je dois vous éclairer sur la situation des Finances du Congrès en mes mains en conséquence et suivant la situation actuelle de ce compte chez moi, Il resulte que mes payemens ou mes acceptations à ce Jour sans y comprendre celles des votres dont je n’ai pas la Notte montent à £5.720/m. et que le credit n’est que de 4,548,880 lt 15 s 4 d et qu’à ce deficit d’environ 1200/m lt il faut ajouter les dépenses courantes qui, quoique peu considerables, etant repetées font un objet. Vous voyez par là Monsieur que le premier Quartier de £1500/m qui echoit au premier d’Avril prochain, réduit à 900/m lt à cause des 600,000£ reçues et envoiées à L’Orient, est plus qu’absorbé et que je serai obligé d’y supléer de ma caisse. Il faut même que je me premunisse d’avance en conséquence, puisque dans l’Etat ci dessus je ne comprends que les traites de M. Rt. Morris avisées qui vont jusques à N 429 et qu’il m’en a deja été presenté sous le N 602 puisqu’etant sans avis de cette suite de Numéros je ne peux en evaluer l’objet. Si d’après cette situation il m’est permis d’avoir une Opinion elle me porteroit à me refuser à la demande de Mrs. Lecouteulx et Cie. et je la fonderois sur ce que ces Messieurs ont deja tiré de Hollande et pourront tirer encore de l’Emprunt qui y est ouvert; Sur ce qu’il me paroit que l’accueil des traites de M. Rt. Morris doit être preferé à tout, et sur ce qu’enfin nous pourrions également lui procurer des Piastres si la suite offre le même avantage et nous laisse des fonds libres, aiant pour cela tous les moyens possibles par mes relations intimes à la Cour de Madrid. Voila, Monsieur, mes reflexions puisque vous les avez souhaitées, je les subordonne avec plus de confiance encore aux vôtres. J’ajouterai qu’avant de faire une réponse à MM. Lecouteulx il conviendroit peut être davoir celle de M. de Vergennes sur ma lettre que vous vous proposiez de lui communiquer parceque s’il goutoit mon Idée M. Morris ne manqueroit pas de Piastres et plus convenablement que par tout autre Voye. Je suis avec un profond Respect Monsieur Vôtre tres humble et très obeissant Serviteur

Grand

Depuis cette Lettre ecritte je recois une remise de Mr. Willink et Van Staphorst d’amsterdam de 360/m lt qui figurent bien dans L’Etat de situation cydessus.
Son Excellence M. Bn. Franklin Passy.
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