From — Bourdin (unpublished)
Paris le 2 Juin 1777
Monsieur,

Un Gentilhomme de la bourgogne qui a trois garçons dont l’un sert dans le regiment de champagne désireroit placer l’ainé au service de la nouvelle angleterre, comme étant trop dificile de le faire employer dans les troupes de l’Inde et des colonies françoises. Le sujet en question agé de vingt cinq ans paroist avoir beaucoup de disposition a se distinguer dans le metier de la guerre. Il a appris ses exercices militaires a la suite dun regiment et les fait trés bien. Sil etoit possible, Monsieur, que vous puissiéz lui procurer de l’Employ dans les armées du Congres, le Pere du jeune homme consentiroit de le faire passer, même a ses frais dans tel port ou Isle qui lui seroit indiqué et de le faire servir ne fut-ce que comme simple volontaire sous les ordres de quelques officiers françois jusqua ce quil ait pû apprendre la langue du Pays ce a quoi il promet de sappliquer sans relache.

Je vous demande pardon Monsieur, de la liberté que je prends de vous faire une pareille demande sans avoir lhonneur dêtre connû de vous; mais jy suis excité autant par l’envie que jaurois d’obliger une famille respectable que par les voeux bien sinceres que je fais pour le succés des armes de vos Colonies puisque jai eté malheureusement pour moi une triste victime de la morgue et de l’injuste opression de vos Ennemis lors des sieges de la martinique et depuis lapurè de cette Isle, même au prejudice de la Capitulation. J’en ai même, Monsieur, adressé mes plaintes dans le Temps au milord D’aigremont et au Parlement D’angleterre et je n’en ay obtenu aucune justice quoi que les faits fussent criants et que le S. Teoph. D’aubuz negotiant de la cité de Londres mon correspondant m’eut marqué les avoir remises lui même et quelles avoient fait beaucoup de sensation. Vous concevéz sans toute aisement d’après cela, combient je dois desirer en mon particulier l’humiliation d’un peuple qui cherche a ruiner tous les autres et a en faire ses Esclaves. Jai cependant eû cette satisfaction de leur prouver pendant l’interregne de la martinique que je savois a mon egard soutenir les droits d’un citoyen honnête et d’un homme libre tant vis a vis du general Monckton que du Petit gouverneur Rufane lesquels ont été forcés de m’estimer comme tel, du moins interieurement.

Je me propose d’avoir lhonneur de vous voir après demain mattin pour savoir de vous la reponse que je dois faire a mon amy sur la demande que je vous fais pour lui.

Je suis avec une haute consideration, Monsieur, Votre tres humble et trés obeissant serviteur

Bourdin
ancien Greffier en chef du Conseil
souverain de la martinique, rue
St. antoine la seconde porte cochere
au dessus de lhotel Turgot
Endorsed: Bourdin Paris 2 juin 1777.
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