From La Nouvelle Librairie de la Cour et de l’Académie de Mannheim (unpublished)
Mannheim ce 24 Decembre 1782
Monsieur

Le zêle patriotique que toute l’Europe admire en Vous Monsieur, pour le bien et le salut de toute une nation, l’amour que Vous avés pour les Sciences et la litterature et que Vous tachés d’inspirer a chacun comme le moien le plus sur et le plus facil en meme temps de parvenir à la felicité ou tendent tous les Voeux d’une Nation comme de chaque individu; Enfin toutes les qualités, qui Vous caracterisent, et qui Vous ont merité la confiance et l’Estime de plus d’une nation; Tout cela nous devroit etre moins connû, pour que nous eussions à craindre, de Vous importuner, Monsieur par ces, qui n’ont pour objet qu’un projet, qui jusqu’a présent ne rouloit que dans nos pensées, mais que dans le temps ou nous entrons heureusement, ou la paix est retablie en Amerique, nous osons mettre devant vos Yeux eclairés pour etre instruits, s’il pourroit reussir, ou si nous faisons mieux de l’abandonner. Permettés donc, Monsieur, que nous ayons l’honneur de Vous dire en peu de mots ce dont il s’agit.

Persuadés comme nous sommes que la lecture et estude(?) des anciens Auteurs grecs et romains peut seule former notre goût pour les Sciences, qu’a elle Seule nous devons tous les progrés que les Sciences et les arts ont fait dans notre Siècle, et que ce sont celles ci qui rendent une Nation plus ou moins grande, plus ou moins heureuse, Nous avons hazardés il y a quelques années l’entreprise de livrer au public peû a peû les Ecrivains romains du siecle d’or et a des prix si mediocres, que chacun se peut procurer ce vrai tresor sans se deranger. 18 Auteurs sortis jusqu’a present de nos presses ne coutent que £ 39 a peû prés, et pour cette même Somme l’on à 37 Volume, de sorte que le Volume ne vient au dela de £ 1: 1 sol. Le papier est blanc et bien collé, Les Caracteres bonnes, la correction la plus exacte.

Oserions nous, Monsieur, aprés ce que nous Venons de dire avoir l’esperance flatteuse, que Vous pourriés peut etre Vous resoudre, de prendre un certain nombre de chaque auteur, pour les faire debitter et distribuer en Amerique, et de cultiver par ce moien les talens de la jeûnesse de votre patrie. Objet surement digne de Votre Attention, des soins d’un Patriot.

Daignés, Monsieur, de repondre par quelques lignes à notre lettre. Nous avons l’honneur detre avec la plus grande Veneration et le plus profond respect Monsieur Vos trés humbles et trés obeissants Serviteurs

La nouvelle librairie de la Cour et de l’Academie

Endorsed: La Nouvelle Libraire de la Cour de Mannheim 24. Decr. 1782.
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