James Elphinston to William Temple Franklin (unpublished)
à Londres (Margaret-street N. 25. Cavendish-square) ce 26me Juillet. 1784
Mon très-cher Eleve

Doit bien se persuader, que le temps n’a ni effacé, ni affaibli une amitié et une estime, qui commencerent dès son enfance.

Permettez-moi, Monsieur, de vous feliciter, aussi bien que votre Parent vénérable, de la réussite, dont il a plu au Ciel de couronner ses travaux et les vôtres.

M. Griffon (en Anglais Griffin) négociant de Londres, qui va faire un petit tour en France, a l’honneur de vous présenter cette Lettre: celle que j’avais confiée il y a trois ans, à un autre voyageur Anglois, ne vous a été jamais rendue, puisqu’elle n’a point produit de réponse. M. Griffon sera plus attentif à des dépêches, qui lui deviendront importantes comme à moi, si elles lui attirent un peu de cette attention Parisienne, dont je le crois infiniment digne. Parmi ses qualitès liantes, la moindre n’est peutétre pas certaine délicatesse qu’il fait inspirer à la flute traversiere. Que je lui serai redevable, s’il me rapporte de vos meilleures nouvelles!

Vous avez, Monsieur, apparemment entendu parler de ma Traduction Anglaise des Epigrammes de Martial; laquelle je viens de publier, à la souscription d’une guinée. Madame Hewson était la premiere souscrivante. Le volume in-quarto contient aussi dans un commentaire, un précis de l’antiquité.

J’ai fait depuis, une édition de l’original arrangée de même, avec une Introduction Latine aux Poetes. Ce livre classique (un octavo de cinq [caehers?]) est peutêtre le plus correct, qui ait jamais paru en Angleterre. On n’a rien épargné pour l’épurer de toute erreur typographique. Le Latin est embelli, comme l’Anglais, d’un médaillon de Martial. Les exemplaires qui restent de l’un et de l’autre, sont chez moi le seul propriétaire.

Après avoir un peu soulagé mes douleurs par deux ouvrages à la fois si pénibles et si amusants; je me suis appliqué à réduire en systeme l’Orthographe Anglaise. Il ne falait que cela pour achever la science de la langue, et les travaux d’Hercule. L’analyse pourtant du dialecte Ecossais, fera un second volume. Ce double ouvrage s’annonce pour l’hiver qui vient.

On m’a dit, Monsieur, que la langue Anglaise est plus recherchée à Paris qu’à Londres, de même que le Français, à Londres qu’à Paris. Y a-t-il en France des Professeurs de l’Anglais, qui en sachent les Principes? Est-ce que Paris a assez de vol pour cette étude, pour inviter de tels Professeurs? Pour moi, je suis citoyen du monde, dont j’ai tâché d’approfondir les langues principales. Entêté de la mienne, je l’ai élevée jusqu’au comble. je me suis délassé à en donner un cours régulier, à Londres, à Edimbourg, et à Glasgo. Si je pourai faire plaisir à M. l’Ambassadeur ou à M. son Sécretaire, vous m’honorerez de l’occasion de me montrer, Monsieur, votre très-obéissant comme très-affectionné serviteur

Jaques Elphinston

Notations in different hands: Le Veillies du Chateau L’Ami des Enfans Elphiniston 26 Juillet 1784.
641388 = 042-u062.html