Jean l’Air de Lamotte to William Temple Franklin (unpublished)
Passy ce 5 Septembre 1784
Monsieur,

Mr. de Chaumont a fait visiter le Parquet de votre Chambre, les Lambourdes qui le soutenoient, se sont trouvées entierement pourries, de maniere qu’il a fallu le lever en entier, les Reparations par partie étant impraticables; et Mr. de Chaumont d’après mes Représentations, s’est determiné à le faire retablir, comme il étoit. Mais nous avons été obligés d’ôter tous les Meubles de cette Piece, qui ont été transportés dans la Chapelle et les Cabinets que nous avons fermés à Clef. Le Parquet allant Jusque dessous les Portes d’entrée du côté du Bureau, il a fallu qu’elles fussent enlevées, ainsi que celles de vos Armoires qu’on a fait ouvrir par le Serrurier; et Mrs. Benjamin, Alexandre et moi, avons transportés ce qu’elles contenoient dans un lieu de Sureté. Votre Bibliothéque a été aussi transportée à cause du grand Nombre d’Ouvriers qui devoient passer continuellement par cet endroit. On auroit pu les faire entrer par la Chapelle, mais outre qu’elles renfermoit une Partie de vos Effets, le Cabinet de Physique et la Bibliothéque n’auroient pas été plus en Surêté, puis qu’il étoit necessaire d’enlever les Portes de ce côté là. On a donc été obligé de s’en tenir à arranger les choses de maniere que les Ouvriers ne pussent pénétrer bien avant dans votre Cabinet de Physique.

L’Opération est commencée depuis 4 Jours, mais comme il y a beaucoup d’Ouvrage de Menuiserie et de Peinture,il paroit que cela durera encore au moins 3 Semaines ou un Mois. Il est bien vrai que votre Chambre sera beaucoup mieux, Mais Je doute que vous eussiez desiré ces Reparations, si vous aviez prévu tout le Derangement qu’elles devoient occasionner dans votre appartement pendant votre absence. J’espére pourtant que, par les Précautions que nous avons prises et le grand Soin que nous avons de veiller à vos Effets, il ne vous en manquera point à votre Retour.

Mr. Votre Pere est toujou en très bonne Santé et M. Le Veillard va tous le Jours de mieux en mieux. Quant à Tom, nous avons été le voir tous les trois avant hier matin, il nous a paru bien portant, et bien Soigné; et il a cessé depuis 4 Jours de prendre des Remedes. le Sr. Lacy, son medecin m’a chargé de rappeller à votre Souvenir que vous deviez ramener d’Angleterre une Voiture pour le Prince Joseph, qui espére que vous voudrez bien avoir cette Complaisance. De là J’ai été chez Durandy qui m’assuré qu’il vous tiendroit deux bons chevaux prêts pour votre Retour. Du reste Point de nouvelles interessantes, pas une seule Signe dans le Journal qui merite la Peine d’être citée. On dit seulement que Mesmer a presenté requête au Parlement afin d’obtenir de nouveaux Commissaires pour l’examiner, et qu’il doit intenter un Procès au Sr. Deslon.

J’aurois differé Jus qu’à Jeudi prochain pour vous envoyer les deux Lettres cy Jointes, par le Courier de l’Ambassadeur, s’il n’y avoit pas dejà trois Jours qu’elles Sont icy. Voyant qu’elles ne sont pas fort pésantes et qu’elles peuvent être pressées, Je me Suis determiné à les faire partir aujourd’huy. Nous avons le plus grand besoin de Papiers huilés pour la Presse, et nous esperons que vous voudriez bien nous en apporter en revenant.

J’ai l’honneur d’etre tres respectueusement, Monsieur, votre tres humble et tres obeissant Serviteur,

Lair De Lamotte

T.S.V.P. p.s.
ce 6 Sept. 1784.
Le Sr. Michau à qui vous avez confié la Vente de vos Cabriolets est venu icy pour s’informer si vous ne m’aviez point laissé d’ordres A ce Sujet. Il m’a dit qu’on ne lui avoit Jamais offert qu’un très bas prix de votre Wiski, Qu’il trouve aujourd’huy une Personne qui en a grand envie et qui en offre 100 Ecus sans exiger d’autres Reparations que celles des Roues qui pourront aller à 15 livres, et que, comme il est sur, pour plusieurs Raisons, qu’il ne les vaut pas, il prendra sur lui de le vendre à ce Prix, craignant que S’il manque cette occasion, il n’en trouve pas Seulement 10 Louis. Quant à l’autre Cabriolet, il ne le vendra qu’au prix fixé, et il desespere de le faire, tout le monde le trouvant de beaucoup trop cher. Ne connoissant point vos Intentions à cet égard, Je n’ai pu approuver ni desapprouver Sa Conduite. Je lui ai pourtant dit que quant au Grand Cabriolet, il feroit bien de ne pas le donner qu’au prix que vous avez fixé.

L.L.

M. Franklin le fils
Notation: Lamotte 5 . 7bre. 1784
641515 = 042-u189.html