From — Garos (unpublished)
fontenay Le comte Le 1er may 1783.
Monseigneur

Je profite de L’occasion d’un de mes amis qui va à paris pour Implorer une seconde fois votre protection pour un particulier françois d’origine, Résidant depuis très long-tems à philadelphie. En cas que ma premiere lettre ne vous soit pas parvenuë, Je vais, Monseigneur, vous mettre sous les yeux ce dont Il s’agit.

Le sr. françois Geay servoit Il y a plus de 40 ans dans un Regiment de Dragon françois, au mois de Juin 1743. Il Reçut une blessure à la Bataille d’ettingen. Gueri de sa blessure, Il Déserta avec son cheval, armes et bagage. Il se Refugia en hollande. Là Il s’embarqua et fut fixer son séjour à philadelphie où Il s’est marié. Depuis cette Epoque tous ses proches sont morts à l’exception d’une soeur. Ces morts successives ont ouvert differentes successions aux quelles aujourdhuy comme ainé Il auroit la Meilleure part. Sa soeur s’est mise en possession du tout. Comme chargé des pouvoirs du Sr. Geay J’ay demandé les portions qui pouvoient luy Revenir dans ces differentes successions. On m’a objecté qu’etant déserteur, et n’ayant pas profité des Differentes amenisties quil a plû à nos Rois D’accorder, Il etoit Inhabile à succeder en france. Ces difficultés, Monseigneur, m’ont déterminé à vous adresser celle cy, pour Reclamer vos Bontés, et vous supplier D’employer vos bons offices auprès du gouvernement pour obtenir son pardon, si toutes fois vous jugez que sa Désertion donne lieu à une exhérédation. Larticle 13 du traité d’alliance fait entre la france et Lamerique que M. Livingston a eû la Bonté de m’envoyer, a bien quelque Relation à la question que J’ay L’onneur de vous proposer. Il y est Dit à la fin, mais est convenû en même tems que son contenû ne portera nulle atteinte aux loix promulguées dans la suite, les quelles demeureront dans toute Leur force et vigueur. Cette clause quoyquil n’y soit pas parlé de désertion est ce semble absolument contraire au Sr. Geay: mais ce n’est pas à moy à décider une question aussi délicatte. En vous priant, Monseigneur, de donner quelque attention à ce que J’ay L’honneur de vous marquer, J’ose encore vous supplier de me dire ce que vous en pensez. En un mot Il s’agit d’un homme qui est dans le Besoin, et qui comme sujet des Etats unis de Lamerique Reclame votre protection. Deignez Là Luy accorder, Je vous là demande avec Instance en son nom. J’ay L’honneur d’etre avec un très profond Respect Monseigneur Votre très humble et très obeissant serviteur

Garos
conseiller du Roy Elû à fontenay
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