Louis-Guillaume Le Veillard to William Temple Franklin (unpublished)
Passy 28 mars 1786

J’ay reçu samedy mon cher amy Vostre lettre du 18 janv. et je me suis depêché le plus vite possible pour remplir vos commissions, vostre lettre est partie le jour même, les deux boisseaux de grains de luzerne sont chez mr. Grand, cette denrée est fort cher cette année a cause de la secheresse ils ont couté 25 l.t. chaque, elle ne vaut ordinairement que 15 l.t. le cordonnier doit porter aussi le plutost possible vos 6 paires de souliers chez mr. Grand. Le livre qui devoit estre imprimé chez mr. Jombet rue dauphine ne l’est point encore, a l’égard du chien je ne puis pas m’addresser a mr. Thiery qui n’est point chasseur, mais j’ay consulté mr. Du Quesnoy qui m’en a cherché un avéc l’aide des gardes chasses dont il dispose, mais il n’a pas encore pu s’en procurer et il est impossible d’en avoir avant le depart du Paquebot, j’en suis dautant plus faché que mr. de la Valette qui vous remettra cette lettre en auroit eu soin dans le passage, au reste je vous avertis que les chiens sont chers et que ceux pareils a celuy que vous desirez coutent de six a dix louis; le temps de la chasse est encore loing.

Nous n’avons point encore fait partir les chevreuils, il ny a point de navire au havre, et Mr. le Coulteux de Canteleu a qui j’ay ecrit il y a pres de trois semaines pour savoir sil vouloit les recevoir a Canteleu ou ils seroient bien plus a portée du havre ne m’a point encore repondu. Je voudrois de tout mon coeur que vous les eussiez et je vous assure que je ne neglige rien pour y parvenir.

Je pars a l’instant pour Dreux ou va se rendre mon beau frere arrivant de l’inde ou il a passé cinq ans, il a eu en dernier lieu le commandement de         pour la france et les anglois l’ont nommé commissaire pour le remettre aux hollandois, il a pense perir du flux de sang, et en arrivant sur un écueil a lentrée de Brest, dou le vent d’est l’a renvoyé pour trois semaines, pendant lesquelles il a été obligé de croiser en pleine mer.

Mais non vous n’avez point repondu a beaucoup d’articles de mes lettres, a present que vous les avez sanz doute, relisez les et satisfaites moy je vous prie sur les demandes relatives a vous, au grand papa que j’embrasse bien fort, ainsi que Messieurs Benjamin, le Rey et Williams, et aussi sur la politique.

Ce Mr. Berard de l’orient m’a joué un vilain tour 18 a 20 jours apres l’arrivée du The same, il m’ecrit en réponse a une lettre de moy qu’il n’a pu se procurer les caisses que depuis 4 jours, quelles partiront le Samedy ou Dimanche suivant et quelles seront 24 jours en route, je les attend avéc impatience, et le lendemain du jour ou elles devoient arriver le charmant Mr. Berard m’écrit quelles ne sont parties que le 6 mars, de sorte que je ne les ai pas encore, il y aura sans doute beaucoup de plantes mortes, vous auriez bien du m’évaluer en argent de france les 16 Dollars que vous avez payés, je crois qu’ils valent 5 l.t. piece et que par consequent c’est 80 l.t. pour la somme totale, efféctivement cela est beaucoup meilleur marché que les prix anglois, je recevrai pour vous cet argent.

Adieu mon cher amy je vous embrasse de tout mon coeur, ma femme et ma fille en font autant, mais n’attendez donc plus au dernier moment pour m’écrire, commencez vos lettres longtemps avant l’occasion de les faire partir et ajoutez y quelques lignes de temps en temps, par ce moyen vous n’oublierez rien et vous obligez beaucoup celuy qui vous aimera bien tendrement toute sa vie

Le Veillard

Je me rejouis de la bonne santé de monsieur franklin, vous ne me parlez nulle part de sa pierre, est ce qu’il ne la sent plus? Ce seroit un miracle bien placé. Mr. de Jefferson est en angletere depuis 15 jours; qu’avez vous donc besoin d’un livre qui contiennent des plans de maisons, vous qui avéc Mr. Benjamin en faites de si magnifiques? Ah si je vous manque vous me manquez bien davantage.
Addressed: A Monsieur / Monsieur Williams Temple franklin chez monsieur son grand pere president de Pensylvanie / A Philadelphie
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