J’avois pris la liberté d’addresser diverses lettres à votre Excellence sans recevoir aucune réponse j’ai eu l’honneur de vous mander comment j’avois addressé à Monsieur de Sartines un plan concernant les colonnies unies, je vous ai envoyé ses lettres dattées de l’année 1775, je vous ai fait mention que mon dit plan s’execute de point en point à votre égard de la part de la France, en consequent aiant deja été plusieurs années dans vos colonnies et desirant consacrer mes jours pour contribuer à leur agrandissement, et bonheur; c’est pourquoi j’ose prier votre Excellence de vouloir emploier soit dans son propre comptoir ou Bureau, ou en armerique, où dans cette ville, car cette province fournit un article très interessant pour les colonnies, qui sont les toilles de sa propre production, elle en tire de la Suisse de la Silesie de façon qu’elles sont ici beaucoup meilleur marché qu’en toute autre province de la France en outre il y a de l’autre côté du Rhin bien des sujets fabricants et manufacturiers qui desirent passer en amerique de façon qu’une personne ici commise pour agir pour votre République ne seroit pas inutile.

Je dois vous avouer que le Mylord Stormond, et Mr faucit m’avoient mandé il y a quatre mois de vouloir passer au service d’Angleterre, et en amerique mais leur aiant repondu qu’etant ameriquain je ne pouvois accepter leur offre, pour preuve, je suis en même de produire leurs lettres. Selon toute apparence l’amerique ne jouira pas encore sitot de la douce paix, si les anglois ne lui feront pas une guerre constament ouverte, ils exciteront tot ou tard des troubles internes auxquelles ont resistera que difficillement les esprits se porteront pour diverses raisons pour eux contre la France cependant on pourroit les prévenir surtout actuellement et cela pour toujours. Daignés agréer mes services et zêle et enfin une Réponse. En attendant j’ai l’honneur d’etre tres respectueusement De votre Excellence, Monsieur! le très humble et très obeissant serviteur