From — Bedaulx (unpublished)
neufchatel en Suisse, 21 xbre 1777
Monsieur,

Dans ces mommens de crise permetés moi de venir me rassurer pres de vous. Mon fils partit en avril avec le marquis de la Fayette, s’etant dévoüe a vos Colonies. Puisqu’il eut le bonheur dêtre connu de vous, Monsieur, il eut surement celui de mériter vôtre éstime, aussi me disoit il partir avec des recomandations très pressantes de vôtre part; Daignés ne pas le perdre de vüe, afin quil ne soit pas confudu dans la foule qui a passé chés vos Peuples; repettes que vous vous interessés a son sort; il pouroit etre malheureux, au moins qu’il ne fut pas abandonné; recomandé le encore, je vous en suplie. Il a tout sacrifié pour vous porter son existence. Ce n’est point un jeune homme ordinaire; ha! qu’on le priseroit si on savoit ce qu’il vaut. Il a moins d’ambition que de desir d’aider a l’oprimé; ce fut toujour son caractere foncier ce sont aussi ses bonnes qualités qui me le font regreter, c’est lui personellement. Je n’ay ni Seigneurie, ni titres a lui laisser, mais seulement une suite d’ayeux de noble et bonne race qu’il ne dementira pas. Je frissone de l’idée qu’il pouroit être fait prisonier, il en a fait une rude épreuve a son premier embarquement. Pardon Monsieur pardon, si je viens vous ocuper d’un seul individu; mais, vous l’êtes de toute l’humanité dont vous cherchés le bien. Puissiés vous revoir fleurir la paix et la liberté dans vos Colonies, que la Providence les favorise assés pour faire naitre dans leur sein bien des hommes tels vous, qu’elle vous conserve pour leur bonheur. Ayés Monsieur quelques égards a mes suplications sans vous donner la peine de répondre a ma lettre. Recevés lhomage des sentimens qui vous sont deûs, et de la consideration distinguée avec laquelle j’ay l’honneur detre Monsieur votre trés humble et trés obeïssante servante

Bedaulx née Le Chambrier

Addressed: Monsieur le Docteur Franklin
Endorsed: Bedaulx, 21.Dec. 1777.
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