Puisje me flatter que votre Excellence ne désaprouvera pas la liberté que je prends de lui renouveller aujourdhui l’expression de mes hommages le plus respectueux, et de reclamer les bontés qu’Elle voulut bien me marquer lorsque j’eus l’honneur de le lui présenter moi meme il y a environ trois ans. Une circonstance particuliere semble même m’y autoriser aujourdhui. Votre Excellence possêde dans sa bibliotêque un exemplaire de nos Descriptions des Arts et métiers, in Quarto. Mais j’ai lieu de craindre que par l’effet des ordres donnés il y a quelque tems sur les frontieres par rapport à la Librairie étrangère et à cause de la proscription particuliere qu’éprouve notre travail Elle n’ait pas receu les derniers volumes que nous en avons publiés et qui s’etendent jusques au Dix neuvieme, inclusivement, le vingtieme occuppant actuellement nos presses. Je supplie donc Votre Excellence, de vouloir m’apprendre quels sont ceux de ces mêmes volumes qui lui manquent, afin que je puisse les lui procurer, étant persuadé que si le paquet qui les renfermera porte l’addrese respectable dont je le décorerai, il surmontera tous les obstacles qu’il pourroit rencontrer sur la route.

Lors que ces mêmes volumes seront parvenus a Vôtre Excellence, Elle pourra s’assurer, que vû la lenteur avec laquelle les membres de l’académie des sciences de Paris publient de nouveaux Cayers des Arts in folio, nous aurons bientot réimprimé et commenté tous ceux qui ont parû jusques ici. Mais me seroit il permis sans indiscretion de lui presenter dans ce moment une idée, que ses lumieres et son zêle pour les progrès des sciences et des arts sauront apprécier. Lors que notre Edition in quarto commença à paroitre, le premier volume fut dédié, comme juste, au roi de Prusse notre souverain; ensuite, considérant qu’un ouvrage de ce genre appartient également à tous les peuples