Sur les sentimens distingués, qui font Votre Caractere reconnû jusqu’a nous, j’appuïe la liberté de Vous adresser ces lignes. Je suis Medecin ici à Vienne, où j’ai fait tout le cours de mes études, et où l’Université excelle tant pour la superiorité des genies, que par les bons sujets qu’Elle forme. Je pratique également la Medecine et la Chirurgie, et j’ai toujours porté un envie secret pour l’Amerique, dans l’intention de m’y rendre, et d’être utile à une Nation, dont je revere le Caractere et les moeurs.

Kaufmann né de Philadelphie était mon ami, nous avons étudié ensemble la medecine, il a fait des merveilles, et son ardeur pour le Bien l’a trainé au tombeau, de sorte que dans la guerre, qui vient de s’eteindre il a laissé la vie dans la Campagne comme Medecin du camp. Il voulût retourner dans sa Patrie, et je fûs resolû d’aller avec lui, mais sa mort a laissé mes intentions en suspens; lesquelles je Vous decouvre par la presente; savoir s’il n’etait pas possible de me rendre en Amerique, si je faisois le voïage à mes frais jusqu’à Paris, et que je pourrois aller dans le tems presentement si critique sous Votre adresse avec sûreté à Philadelphie. ~y2

Si Vous daignez de m’en donner un Conseil je le regarderai comme un Grace particuliere, et un effet des Bontés auxquelles je voudrois repondre par tout ce qui est dans mon pouvoir.

Je suis dans l’âge de trente ans, pas marié, je parle outre les langues les plus usitées aussi l’Anglais pour le Cas necessaire.

Je Vous supplie de m’honnorer par deux mots de reponse, et adressez moi Vos ordres, si dans le cas dit, ou si par quelque autre Chose je pourrais Vous faire connaitre mes sentimens respectueux avec lesquels je suis Votre très humble et très obéissant Serviteur