From Alphonse Pellegrini (unpublished)
Paris ce 26. juin 1785.
Excellence

Ayant un vif desir de passer dans L’Amérique Septentrionale j’ose suplier Votre Excellence de m’accorder sa protection.

Je suis italien de Nation. Je possede Le Latin, L’italien, L’allemand, et le français; je parle et j’entends un peu L’anglois et L’espagnol. Je professe en ce moment La Cosmographie, et La Langue italienne; et si V.E. a La bonté de m’accorder un entretien, je pourrai Lui donner une idée de mes connaissances.

Mr. Le Marquis De Lafayette à qui j’ai été recomandé m’a donné des Lettres pour S.E.Mr. Le General Washington.

Mon projet serait de professer à Philadelphie Les Belles-Lettres, et Les Langues étrangeres, et de travailler à L’éducation de la jeunesse. Si mes talens pouvaient un jour devenir de quelque utilité plus importante aux Etats unis, je m’y employerais avec tout le zéle et Le desinteressement inaginable: Le desir de vivre parmi La seule Nation qui sache aprécier Les Droits de l’homme me fera tout entreprendre avec courage.

Je prends la liberté de joindre ici quelques Lettres; Si V.E. daigne Les lire, Elle verra que j’ai dejà travaillé à L’éducation de feu Mr. Le Comte De Custine L’esperance d’une des plus illustres familles de La Lorraine.

Mr. le Cte. Alphonse Castiglioni dont je joins aussi une Lettre est le frere de Mr. Le Chevalier Louis Castiglioni de Milan qui a eu L’honneur d’être présenté à V.E. Le mois d’août de l’année derniere, et qui compte passer en Amérique pour y faire des recherches sur l’histoire naturelle, après qu’il aura séjourné quelque temps à Londres.

Plusieurs Seigneurs de la prémiére qualité, qui m’honorent de Leur bonté, se feront un plaisir de parler en ma faveur à V.E. si Elle daigne approuver mon projet.

Je travaille à simplifier La marche pour apprendre toutes Les sciences necessaires à L’homme destiné à remplir une carriere brillante dans la société.

Si j’ai le bonheur de voir mon entreprise appuyée d’un suffrage aussi puissant que celui de V.E., j’oserai me flatter de L’espoir de son succès. Le goût que j’ai toujours eu pour ce genre d’occupation, et La protection que V.E. accorde aux Lettres me font esperer qu’Elle daignera voir ma demarche avec quelque interêt: Tous les momens de felicité dont je jouirai dans cette contrée heureuse, que V.E. a rendue Libre, seront autant de bienfaits que je Vous devrai éternellement.

Je prie V.E. d’agréer Le petit ouvrage que j’ai composé pour faciliter aux amateurs de la Langue italienne, Les moyens de L’apprendre en très peu de tems.

Je suis avec un profond respect De Votre Excellence Le très humble et très obéissant Serviteur

Alphonse Pellegrini
demeurant au café de Montgolfier rue
St. Denis près de l’apport Paris
Endorsed: Pelegrini
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