Louis-Guillaume Le Veillard fils to William Temple Franklin (unpublished)
L’Orient le 9 Mars 1781
Mon cher ami,

Je vois avec le plus grand chagrin que le Capitaine du Marquis De la fayétte n’est pas a beaucoup près aussi honète qu’on me l’avoit fait ésperer, il est Même bien moins qu’honète car il pousse l’impertinence au dernier periode, et je crains bien que ma traversée ne soit des plus désagréable. Je ne suis pas le seul qui se plaigne, tout le monde est on ne sauroit plus mécontent de lui, il ne veut donner de chambre a Personne, ne daigne pas vous répondre quand on lui parle, même il faut lui faire une réverence jusqu’a terre pour obtenir de sa grandeur une legere infléxtion de tête, que sans doute il croit etre un salut, et qui par tout l’univers ne passera jamais que pour un léger signe de protéction; je suis le moins mécontent des passagers attendu que n’aimant pas les gens fiers et craignant de faire quelque Etourderie, je ne l’ai vu que deux fois, mais la première il m’a tourné le dos asséz brusquement sans me dire un mot, et la seconde il a daigné me parler pendant une minute et demi. A la seconde quéstion il a disparu, depuis je n’ai pu le rejoindre. Il a si mal reçu le commodore Robinson que vous souhaitiéz qui sembarquast sur notre bord, que je ne crois pas qu’il veuille nous accompagner, et il me paroist que s’il est insolent il sait faire le plongeon dans la perféction, car un jeune homme qui devoit passer sur son bord, s’étant enfin lassé de ses insolence, la traité comme un négre et un polisson, l’a envoyé faire f. et il n’en a Rien été; M. Tardy Commis de M. Williams a été obligé de se servir de la même méthode pour l’adoucir, et je crains bien que nous ne soyons tous obliges de nous servir du même moyen; j’en serois d’autant plus faché que [je] desobligerois Mr. Chaumont, et je serois desolé de faire la moindre chose qui put lui deplaire; je vous serai obligé d’instruire un peu son fils ou lui de la conduite de son capitaine sans dire que vos lumieres viennent de moi, attendu que je desirerois de bon coeur quils tansassent Mr. Le Capitaine si roide, quil fut honete au moins pendant le réste de cette année; je ne vous dirai plus Rien a ce sujet car si je disois tout ce que je sais les quatre feuilles de ma lettre ne suffiroient pas.

Je suis arrivé dans cette Ville depuis 8 jours; les plaisirs y sont des plus tristes, et quoique je sois fort bien Reçu partout, je ne me suis jamais tant ennuyé; le port est desert a peine voit on deux cent Matelots qui sont occupes au chargement de 4 ou 5 Navires, et ils se remuent si nonchalament que cela endort plutost que cela n’amuse. Je ne doutte point que votre sort [ne] soit tout different vous volez de conquetes en [conquetes] quoique chacune vous coute quelques plumes de vos [ailes?] il vous en repousse si vite dautres pour les remplacer, plaise a dieu que jamais un orage fatal ne les mouille tellement que vous soyez obligé au repos, vous etes dites vous a labry de ces accidents, que ne vous ressemblaije.

Le première fois que vous verrez Mesdemoiselles Brillon embrassez les pour moi si touttes fois on vous le permet et demandez leur des nouvelles des nouvelles [sic] de Mademoiselle Sophie Perceval car jemporte son image, dans l’autre monde; je ne veux pas vous ennuyer plus longtems de mon barbouillage, adieu souvenez-vous toujours de celui qui se dit pour la vie votre ami

Le Veillard fils

Mon adresse chez Messieurs Lavaysse et co. a l’Orient
Addressed: A Monsieur / Monsieur Franklin le fils chez son Excellence / Monsieur Franklin ministre plenipotentiaire des Etats unis d’amerique / a Passy / pres Paris
Endorsed: M. Le Veillard fils 9 Mar 1781 [Top of p. 1:] Answered the 16th by Post kept no Copy
635903 = 034-436a001.html