Louis-Guillaume Le Veillard to William Temple Franklin (unpublished)
Passy 6 aoust 1788

Ma derniere lettre du 4 juillet, mon cher amy, vous a donné avis du départ de vostre vin de cahusac sur le marquis de la fayette capitaine alexis cain, deux Barriques en futailles et 4 caisses contenant la troisieme en bouteille, Mr. Grand a paye pour le tout 352 l.t. 17s. a monsieur Moreau tresorier de madame la Duchesse d’Enville a qui Mr. Cailler a desiré qu’on les remit, il m’a donné deux reçus, jen garde un et Mr. Grand a l’autre, la meme lettre du 4 juillet contenoit le connoissement de ce vin.

Vous croyez peut estre que la france éxiste toujours et nous aussi, pour nous nous ne savons rien, depuis un an nos affaires sont dans un tel desordre qu’il faudroit estre bien habile pour vous en rendre compte et deviner ce qui nous arrivera par suite les paquebots sont renversés, nulle occasion assurée de vous ecrire et de recevoir de vos nouvelles, vous estes a present aussi loing que la chine. Ainsi je ne vous en veux absolument point pour vostre long silence quoy que la derniere lettre que j’aye reçue de vous soit du 17 fevrier dernier, vous m’en avez peutestre ecrit d’autres qui m’arriveront par la suite, et peut estre y a til aussi longtemps que vous n’avez reçu des miennes; tant y a que je vous aime et que je vous aimerai toujours de tout mon coeur.

Les miens se portent bien et parlent autant de vous que si vous n’étiés parti qu’hier, mon fils a du vous ecrire, il est toujours ici sans occupation, sans espoir d’en trouver et meme sans en chercher dans les circonstances actuelles.

Les effets publics n’ont jamais ete si bas et tombent tous les jours, un arrest du conseil demande des avis a toutes les compagnies, a tous les cytoyens meme sur la composition des etats generaux, qu’on annonce pour 1789, mais le même arrest ajoute qu’on a jusquau mois de février pour les envoyer, on ne fixe point d’époque pour l’assemblée des etats, on ignore comment ils seront composés, on a lieu de craindre qu’il ny ait pas assez de tiers etat et on ne croira a leur existence que quand ils seront assemblés.

Adieu mon amy je vous embrasse de tout mon coeur.

Addressed: A Monsieur / Monsieur Williams Temple franklin / chez monsieur son grand Pere president du conseil executif de Pensylvanie / a Philadelphie
J’ay encore a vous 69 l.t. 3 s 9d.
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