Coder to Barbeu-Dubourg and Benjamin Franklin (unpublished)

Jetois venu ce matin pour dire a Monsieur dubourg que je voyois avec le plus grand regret secouler un tempts pretieux pour mes projets de servir utilement et sans interet M. de franquelin, mais comme il veaut encore mieux tard que jamais, je suis toujours dans le cas de recruter sans comprometre personne de quoi monter en amerique une regie pour lhabillement et lequipement des troupes et pour la fabriquation des matieres premieres. Quand a la partie des draps la plus intereisente M. de franquelin se rapelera que M. cairol lui a proposé un homme tres expert dans cette partie. Vous trouverés si joint Monsieur une lettre du baron de voenffen marechal des campts et armees du roy de tous nos militaires le plus intelligent et le plus vertueux qui me dit bien franchement sa fascon de penser sur le compte de M. cairol. M. le c[om]te du Luc et M. le m[arqu]is de Levy les genneraux citoyens respectables et respectés pensent de meme que M. de voenffen sur le compte de cairol quils honnorent de leur amitié. Enfin ce galant homme ayant reussi au dela de toutes les esperences dans la fabriquation des drapts et ayant eu le courage de demasquer la turpitude de ces confreres a ce sujet a eté aceuilli du roy avec le plus grand succès dont il a eu un hure daudience particuliere au d[erni]er voyage de fonteneblau. Sa majesté fit dire a M. le contoroleur genneral davancer deux cents mille livres sans interet pour vingt ants a M. cairol afin de le metre en etat de soutenir la manufacture quil avoit montee sous ces auxpices. Mais linteret que tous les coquins qui scavent si bien se soutenir ont eu decarter le pauvre cairol et de lecraser sont parvenus a le frustrer non sulement du secours des deux cents mille livres mais a lui faire encore la banqueroute la plus froduleuse de cinquante mille livres ce qui la determiné a abandoner la patrie. Il cest retiré en ollende ou il attend que je lui mende le tempts de mon depard pour lamerique ou il est decidé a se fixer. Il me prie encore de lui indiquer a quoi il doit emploié douze mille livres en speces quil a pour toute fortune le plus annalogue a la situation presente de lamerique quil adopte pour patrie. Il sembarquera avec ces deux fils a ma p[remie]re requisition. Jattents sous pu des jours de ces nouvelles et je vous les comuniquerai.

Mon projet detablir il y a trois ants un depot a St. dominge comme je vous lai mendé et expliqué dans une de mes lettres que M. elié de baumon ma dit vous avoir remis nayant pas eu lieu, je propose toujours de passer avec cent off[ici]ers ou bas off[ici]ers que je prendrai en partie a St. dominge (ayant eu besoin de me confier a ce sujet a M. de Lacorte chef des bureaux de la marine qui a baucoup gouté ce projet et ma promit dengager le ministre a me servir) pour former en debarquant chez les insurgents un corpts des troupes legeres en etat de rendre des bons services. Mon projet est aussi de faire embarquér ma recrue douvriers pour St. dominge sauf melieur avis tous ces ouvriers fabriquants et necessaires a lhabillement et a lequipement du soldat en serviront dans loccasion. Si les mechants ont reussi a marreter dans ma carriere malgrai linteret constant que le feu roy et tout ce quil y a de plus grand a la cour par le rang et par les verteux a prits et prenent toujours a mon sord je nen suis faché que parce quils ont reussi a mempecher de servir toujours utilement et sans interet mon p. et mon pays.

Je jouis dune fortune assez honnete mais que je ne puits pas transporter encore en amerique. Jhabite la partie du Languedoc ou le climat est le plus beau du monde. jai encore memere que jaime baucoup et qui ne me vera pas expatrier sans douleur. Cependant je nesiterai pas un moment de passer en amerique avec deux de mes freres lun major du reg[imen]t du port au prince et le second aide major tous deux off[icie]rs de la p[remie]re distinction et a afronter avec joie la ferocite avugle des anglois dans une traversée perilieuse si M. de franquelin juge que mes services lui soint utiles et agreables. A defaut il nen sera plus parle mais je le prie de se rapelér de ma bonne volonté qui me conduira a finir mes jours en amerique du moment que jaurai pu realiser ma fortune en frence.

Coder ce dimenche matin 2e mars 1777 hotel

dangletere rue de seine f[aubour]g St. g[ermain]. Le porteur et un homme dont je suis sur

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