From Chevalier de Richoufftz (unpublished)
A l’ecole de douay ce 5 juillet 1777
Monsieur,

C’est tout en tramblant que j’ose encore vous importuner n’ayant recu aucune réponse aux deux lettres que j’ay eu l’honneur de vous ecrire. Je ne sçais a quoy attribuer vôtre silence. J’esperais que mes cris lamentables toucheraient vôtre ame généreuse. Me serais-je trompé dans mon attente? Non, je crois plûtôt que mes lettres ne vous sont point parvenus; bienfaisant comme vous l’êtes, vous n’eussiez pas dédaigne mes voeux. Si vous sçaviez dans quel etât déplorable je suis, vous auriez pitié de moi, né de bonne famille sans fortune avec un coeur bien plaçé que ne doit-on pas attendre des ames honnêtes comme la votre? Aussi ay-je mis tout mon espoir en vous, vous pouvez me rendre heureux en agréant ma demande qui est de passer a bosthon avec tel grâde que vous jugerez convenable a ma naissance des que vous voudrez bien me donner la faculté d’y passer sans qu’il ne m’en coutte je serai satisfait, mes parents ne pouvant pas y contribuer. J’ay vingt deux ans et je suis instruit autant que mon âge peut le permettre ayant travaillé depuis Mil-sept-cent-soixante-dix aux parties relatives a l’artillerie où mon pere est chef de brigade en garnison a metz. J’etais destiné ainsi que mes cinq freres cadets au dit corps. Mais par un hasard aussi grand qu’il nous est facheux nous n’y avons pas encore d’employ. De sept garçons que nous sommes il n’y-a que mon ainé qui soit plaçé il est sous-lieutenant au regiment de normandie infanterie. D’aprés ce simple exposé j’espere que vous jetterez un regard favorable sur ma proposition. Je suis un infortuné qui n’a recours qu’en vous seul et qui croit que sa franchise doit etre son unique appuy aupres des personnes justes comme vous. Si vous desirez d’autres eclaircissements sur ce que je prends la liberté de mêtre sous vos yeux je suis pret a vous contenter. Rendez je vous en supplie le calme a mon esprit agitté et soyez persuadé que ma reconnaissance sera sans bornes et infinie. C’est dans ces sentiments que jay l’honneur d’etre avec un profond Respect, Monsieur, Vôtre tres humble tres obeissant serviteur

Le Chevalier De Richoufftz

Endorsed: Le Ch[evali]er De Richouffts. Douay 5 juillet 1777.
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