— Lerchenberg to ——— (unpublished)
Londres ce 7e mai 1782

Timeo Danaos, et dona ferentes. Voilà ce que je dis sur le voyage de M. Grenville.

Voici maintenant ce que francklin a insinué à la nouvelle administration (a).

Il est impossible de faire une paix séparée.

Il est impossible de parler de paix à la france, sans reconoître l’indépendance de l’amerique.

Il est impossible que la france, D’après ses Declarations, rejette une proposition de paix, si cette indépendance est reconnuë.

Il faut donc se hâter de faire cette reconnoissance pour l’intérêt mutuel de l’angleterre et de l’amerique.

Je suis occupé maintenant à rédiger un mémoire, d’après les notions qui m’ont été communiquées. En attendant que je puisse le faire passer surement, en voici les vuës generales telles qu’elles ont été conceuës par franklin et ses Correspondans.

1º Il est de l’interêt de la grande Bretagne de ne chercher à s’approprier que les deux tiers du Commerce actif des colonies. Donc elle doit renoncer avec plaisir à un Commerce exclusif, et ne pas hesiter à Declarer ce commerce indépendant Cela paroît demontré.

2º Ces deux tiers, la grande Bretagne se les appropriera par les effets naturels du long credit que les ameriquains ont toujours trouvé en angleterre, de la superiorité des manufactures angloises, des anciens préjugés, comme l’uniformité du langage, de religion, de manieres, de contenance, de principes etc.

3º D’après cela, il faut que la grande Bretagne porte toutes ses forces dans les indes occidentales, afin de s’assurer le commerce actif des îles et d’en partager le bénéfice avec les colonies.

4º L’article secret est, que pour l’intérêt mutuel, on favorisera de part et d’autre la rebellion de l’amerique-meridionale afin qu’en la mettant egalement dans un etat d’indépendance, on puisse s’en approprier le commerce actif, c’est à dire celui de l’or et de l’argent. Ceci tend à la ruine totale de l’espagne. Encore une fois Timeo Danaos et dona ferentes.

Sauf correction, il est, je crois, très important de faire à M. Grenville et consors une réponse telle que M. fox ne puisse pas s’en faire une arme pour terrasser la nouvelle opposition. Afin de tirer des circonstances un parti avantageux, il est nécessaire de fomenter ici les Divisions Shelburne et compagnie n’ont elevé l’avocat Dunning à la chambre des pairs, que pour tenir en échec le chancelier qu’ils craignent, et soutenir par un fort parleur leur parti contre la voix tonnante de ce premier magistrat. Dans la chambre des Comunes, le   des hommes à contrat donne une nuée d’opposans à fox et consors. Il faut donc achever de les etourdir par une de ces reponses qu’ils qualifient si bien d’insignificantes.

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