From C. F. de Wiebel (unpublished)
Erbac le 24me Juillet 1778
Monsieur

Vous excuserez qu’un Officier qui n’a pas l’honneur de vous etre connu prenne la liberté de Vous ecrire.

Le zèle et la fermeté avec laquelle les etats unis de l’Amerique defendent leur liberté, a excité mon admiration a tel point, que je ne saurois resister au desir ardent de leur vouer mes services et mon sang.

J’ai servi en qualité d’officier pendant la guerre dernière que l’Empereur faissoit au Roi de Prusse, dans l’armée de l’Empire, et au comencement de la guerre de la Russie contre la Porte Ottomanne, j’y allois pour acquerir l’experience si necessaire a un militaire. Je servi en Georgie sous le Comte Tottleben tantôt en Ingenieur tantot dans les trouppes legeres, de la je joignis l’armée du Prince Dolgorouki, qui marchoit contre la Crimee. La lettre de ce Prince par laquelle il me recommandoit au Ministre de la guerre le Comte Tzernicheff (et dont je prens la liberté, dans l’esperance que Vous Monsieur n’aurez point de peine, de la faire traduire au lieu de Votre sejour, de joindre la copie originale pour ne laisser aucun doute sur son authenticité) pourra prouver si l’on etoit content de mes services: aussi l’offérté du Ministre de me faire Premier Major des Ingenieurs Geographes, en etoit l’effet; cependant un contretems que des Personnes de qualité qui ne me vouloient pas du bien firent naitre, fit manquer le projet de mes protecteurs, la guerre finissoit et moi je m’en retournois dans ma patrie ou je reprennois mon poste que je tiens encore.

Le tems s’ecoula depuis mon retour jusqu’a ce moment dans l’etude de tout ce qui peut servir au metier de la guerre. Et c’est a présent que je souhaite de consacrer, ce que je puis avoir acquis d’experience et du savoir, au service des Etats unis de l’Amerique, quand il Vous plaira Monsieur, de me recevoir en citoyen et de me donner une commission proportionné au caractère qui m’etoit offert en Russie, et par la quelle je serai autant plus capable de rendre des services d’importance a la republique naissante.

Le zele qui m’animera, a sacrifier mon sang a la felicité commune, ne Vous laissera pas repentir d’avoir fait un concitoyen d’un inconnu dont la renomée a deja fait Monsieur Vôtre Admirateur et très humble et tres obeissant Serviteur

C.F. de Wiebel Capitaine aux services
du Cercle de Franco[nie]
Si Vous voulez m’honorer d’une reponse avec l’incluse, Monsieur faite moi celui de l’addresser par Strasbourg et Mannheim.
Endorsed: Wiebel Offr.
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