From Anna Sophia Susanna de Bohlen (unpublished)
Anigsberg [Koenigsberg(?)] 26: Octobre 1781
Monsieur!

Il est très flatteur pour moi que ma naissance me donne un droit de vous temoigner mon cher oncle la vénération profonde qui me penètre pour vous.

Quoique née à Berlin, et n’étant jamais sortie des états du Roi de Prusse, feu mon Père, qui avoit l’honneur de porte votre nom, m’a donnée des renseignements suffisants relativement à sa famille; Il étoit le fils ainé de John francklin et de anne fitzgerald, il naquit dans l’année 1715 à Woodhouse près d’Abington 6 lieues de Limerick, et si je ne me trompe, il fut assés heureux de vous suivre dans les voyages que vous fites monsieur en amérique et de là en france, d’ou enfin il se rendit sur l’invitation de son oncle (frère de sa mère) le colonel Thomas Fitzgerald à Potsdam, et y prit en 1734 ou 1735 service dans les troupes prussiennes. Il s’y maria en 1750 avec la veuve d’un officier, et c’est moi qui a eté le seul fruit de ce mariage. Il mourut en 1765 en qualité de commandant d’un régiment d’Infanterie, et ma mère n’est morte que depuis quelques années. Je me trouve ici sans parens du côté de mes père et mère, et ayant été assés mal mariée et perdue même mon mari, il ne me reste d’autres voeux à faire, que d’etre instruite de la situation actuëlle de ma famille. Je fus assés heureuse de reçevoir en 1777 par la médiation de l’ambassadeur anglois, Mr. Moughton, résident à Varsovie une liste généalogique et meme quelques lettres des parens que je conserve encore en Irlande, mais elles ne m’ont pas entièrement satisfaites.

J’ose donc m’addresser à vous, monsieur, à vous qui étant, si je ne me trompe, propre frère de mon Grand-père, par conséquent mon Grand-oncle, et j’ose vous supplier avec les sentimetns que doivent m’inspirer des titres si respectables, à me mettre mieux au fait sur la situation présente de ma famille. Si ma fortune extrèmement médiocre, répondoit mieux à mes desirs, il-y-à-longtems que j’aurois hazardée le voyage de Paris, pour me jetter à vos pieds, aux pieds d’un parent qui m’est si cher et si intimement allié; et vous, mon très cher oncle, n’auriés pas hesité, j’en suis persuadée de m’accorder vos bontés, votre bénédiction. Veuillés ne pas me les refuser malgré l’éloignement, honorés-moi d’une reponce, j’y attacherai un prix analogue aux sentiments respectueux que je vous porte, et avec lesquels j’ai l’honneur d’être Monsieur et très cher oncle! Votre très humble et très obeïssante servante

Anna Sophia Susanna de Bohlen née franklin

Endorsed: Anna Sophis Susanna de Bohlen Oct. 26. 1781.
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