From — Rogon de Kerlenguy (unpublished)
à la terre de La Noë-hâlé près Lamballe en bretagne ce 6 j[anvi]er 1778.
Monsieur,

Depuis ma derniere lettre, un de mes amis actuellement à Nantes et qui sçait le désir que j’ai d’entrer au service des Etats de L’amérique septentrionale, m’a ecrit que les Vaisseaux de vos compatriotes qui arrivent dans les ports de paimbeuf et nantes sont presque tous adresses a M. Gruel negotiant, isle fedeau à nantes: que c’est lui qui est chargé, par vous monsieur, de faire procéder à leurs armemens, provisions de toute especes et à faire compléter adroitement de français leurs bâtimens et corsaires. Vous sçavez que mon Désir est d’être connu de vous, mais si absolument vous ne voulez pas me voir, au moins ne me refusez pas une lettre de Recommandation pour M. Gruel, au moien de laquelle je puisse esperer de l’emploi dans les troupes amériquaines. Je suis un exemple bien rare de fermeté ou plûtôt d’opiniatreté dans mes sentimens: voici ma dixieme lettre et vous ne m’avez pas encore honnoré d’une Reponse. Malgré cela, monsieur, j’espere encore et ne cesserai d’esperer que lorsque j’aurai eu le bonheur de vous voir, d’implorer votre protection, et vos bons offices. Si alors vous me refusez, je croirai qu’il ne vous a pas été possible de faire mieux. Pourquoi balancez-vous? Est-ce pour m’éprouver? Que je serais heureux si c’était la cause de votre silence! Ma bonne volonté vaut et doit remplacer ce qui me manque du côté de l’expérience. Au reste je persiste dans le déssein d’aller vous trouver ce mois de mars a paris. J’ai l’honneur d’être avec le plus profond Respect et l’attachement le plus inviolable, Monsieur, Votre trés humble et trés obeissant et trés dévouë serviteur

Royon de Kerlenguy

Addressed: A Monsieur / Monsieur franklin Commissaire / Général des Colonies Amériquaines / en son Hotel / A Paris.
Endorsed: Rogon de Kerlenguy
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