To [Madame Chaumont] (unpublished)
a Passy, ce 12e Juin. 85.

C’est avec beaucoup de Difficulté, ma très cher Amie, que j’ecris en François, mais vous ne lisez pas l’Anglois, et vous m’avez enjoint le secret [a l’egard de, erased] votre Propos, il faut donc que je tache de m’exprimer en votre Langue, afin que vous nayez pas besoin d’un Traducteur.

Assurement si vous etiez en bonne Santé, capable de soutenir le Mal de Mer, la Societé d’une telle Amie pendant mon Voyage, seroit un Felicité pour moi. Mais ayant passé sept fois la grand Mer, j’ai eu occasion de voir que les dames etoient exposées a tant d’incommodités et de Souffrances dans les Voyages de long cours, que je ne peux pas vous conseiller de les affronter, je craindrais que vous ne trouvassiez en mer un Augmentation de votre Maladie habituelle.

Il étoit mon Intention de partir bientôt dans le Pacquet Bot, qu’on disoit devoir partir du Havre de grace; mais le premier a ordre de partir de l’Orient, le trente de ce Mois, et je ne peux pas me rendre a l’Orient. Il n’en partira pas du Havre avant le 20 d’Août, et ce retard mettra le Vaisseau dans le Cas de rencontrer les Orages de l’Equinoxe, ce que je veux eviter. Il n’en partira pas d’autre apres celuyla avant le commencement d’Octobre, j’aurai pour lors a craindre le commencement des Vents d’Hyver à l’Approche de notre Côte. Ainsi actuellement je balance a partir avant le Printems de 1786, et je me trouve fort disposé a rester et a jouir de mes Amis en France jusques alors. Si enfin je m’y determine, mon Projet est de vous faire visite à Chaumont, et de passer quelques Semaines chez vous, si cela peut vous convenir, car on m’a dit qu’il est possible d’y arriver en faisant tout le Chemin par eau. Mais voulez-vous de moi? Je suis toujours, ma très aimable Amie, avec l’Estime la plus parfaite et l’Amitié la plus sincere et la plus tendre, Votre, etc.

BF.

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