William Temple Franklin to Louis-Guillaume Le Veillard (unpublished)
Philadelphie le 16 Sept. 1785.

Quoiqu’on ne me donne qu’un instant pour vous ecrire, attendu que le Courier de New-York part toute a l’heure, et que c’est la derniere occasion que nous aurons d’envoyer des Lettres pour le Pacquetbot de ce mois, Je ne puis vous laisser ignorer notre heureuse arrivé dans ce Pays cy, qui s’est effectué hier.

Notre Passage comme vous voyez n’a pas été très long, et en general il a ete très agreable. Malgré que nous eprouvames parfois d’assez vilain tems et entre autre un violent Coup de Vent le 23 Aout, tel que le Capitaine n’avoit vu de sa Vie, mon Aieuil n’a presque pas souffert, et il se porte actuelment infiniment [mieux] qu’avant son Depart. Pour nous autres nous nous sommes très bien portés, au mal de Mer près, qui nous a tourmenté pendant les premiers Jours. Il etoit impossible d’etre mieux pourvu de tout que ne l’etoit notre Capitaine. Nous avons expedié en Route une demie douzaine de Moutons, autant de Cochons et quelques centaines de Poules et de Canards sans compter les Dindes, les Oies, etc. etc. Vous voyez par là que nous n’avons pas fait grand déga dans le Boeuf sallé du Vaisseau; et l’Eau, Je vous assure, a été toute autant epargné, au moyen du Punch, du Porter, du Claret, etc. etc.

La Reception de mon Ayeul ici a été tel que vous et moi aurions pu le desirer. On n’etoit pas prevenu du moment qu’il debarqueroit, quoiqu’on savoit le Vaisseau arrivé au bas de la Rivière. En entrant le Port nous trouvames tous les Batiments qui y etoit (de toute Nations, meme Anglois) decorés de leurs enseignes, Banderoles etc. et dès que nous mimes pied a terre nous etions environnés par un Peuple immense (qui ici n’est pas composé de Canaille) qui marqua par les Acclamations les plus vives leur Satisfaction de revoir leur Ami et leur Bienfaiteur. Tout ce Peuple, qui etoit pour ainsi dire toute la ville, le suivirent jusqu’a l’entré de notre Cour, en temoignant leur Allegresse et en faisant des Veux pour sa Conservation. Je ne puis, mon Ami, vous exprimer tout ce que J’ai eprouvé de Plaisir en cette occasion! Je pleurai de Joie le long des Rues, et mes Pleurs redoubloient quand Je voyois que Je n’etoit pas le seul ainsi ému. Je ne vous parlerai pas de son E[n]trevue avec sa Fille, qui etoit comme vous pouvez bien l’imaginer, des plus attendrissantes. Peu de tems après, il reçut la Visite de plusieurs de ses Amis, et des Principaux de la Ville: M. Richard Henry Lee le President actuel du Congrès, et dont vous avez connu le Frere, qui se trouvait ici pour sa santé, a été un des premiers a venir nous feliciter de notre Arrivé. Nous attendons quantité d’autres Visites ce Matin, ce qui fait qu’il ne me sera pas possible d’ecrire a mes autres Amis par cet Occasion: mais Je compte sur vous pour leur apprendre notre Arrivé, et la Cause de mon silence.

Pour des Nouvelles politiques vous croyez bien que dans 24 Heures, et occupé comme Je l’ai été, il ne m’a pas été possible de m’y mettre au fait; et quand meme Je le serai, on me presse tant pour ma Lettre qu’il n’y auroit pas moyen de vous en instruire. Je ne puis cependant terminé, sans vous dire combien J’etois touché de la Lettre pleine d’Affection que vous m’ecrivites de Cowes. Je la garderai toujours comme une preuve certaine de votre Amitie—que Je cheri plus que tout. Adieu—il faut vous quitter car voila des visites qui arrive.

Dites mille Choses Affectioné et respectueux pour moi a Madame et Mademoiselle Le Veillard, Mesdames Brillon et Paris, Madame Helvetius, Mademoiselle Monmarquet, Madame Filleuil, etc. etc.

Pour la Vie votre affectioné ami

W. T. Franklin

Addressed: Monsieur / Monsieur Le Veillard / aux Nouvelles Eaux / a Passy-près-Paris / France.
642492 = 043-u421.html