From — Thomas (unpublished)
à Paris 8. juillet 1788
Monsieur

J’ai reçu en son temps la réponse dont vous avés bien voulu m’honorer; elle étoit accompagnée du compte de vente que j’avois sollicité en vain depuis tant d’années, c’est donc a vous seul que j’en suis redevable, et je vous prie d’agréer l’hommage de ma Reconnoissance. Il me seroit bien doux de pouvoir me borner à ce seul objet, mais je suis obligé de revenir encore à l’affaire principale qui ne peut être regardée comme terminée, puisque la solde supposée n’est point effectuée. J’ai envoyé de florence, où votre lettre m’est parvenuë, la copie de la traite qu’elle renfermoit, sur Messieurs Le Couteulx, mon fondé de Procuration à Paris la leur ayant exhibé, ces Messieurs ont fait des recherches, d’abord sur leur Livre de caisse, puis sur tous les autres régistres, et m’ont assurés au bout de huit jours que jamais la dite Traite n’avoit été présentée ni par consequent acquittée, ajoutant, que si Messieurs Bache et Shée vouloient en envoyer une troisième avec cette formule (les 1ere et 2eme n’etant acquitées) ils la payeroient sur le champ. Messieurs Bache et Shée savent mieux que moi, qu’ils pouroient en tirer vingt avec cette restriction sans craindre qu’il puisse y en avoir jamais plus d’une acquittée, et comme je ne me permets pas de douter de leur bonne foi et de leur honnêteté, je suis persuadé qu’ils saisiront avec empressement ce moyen très simple d’acquitter envers moi une dette dont ils reconnoissent la légitimité et l’ancienneté, car elle étoit déjà convenuë dès l’an 1783. Il ne reste plus qu’à obvier aux inconvénients inconcevables qui ont empêché qu’aucune des lettres et Traites, que ces Messieurs disent m’avoir adressées, me soyent jamais parvenuës depuis plus de trois ans. Heureusement je me trouve à Paris dans ce moment-ci, et des Personnes de la plus haute considération, Parentes et amies de Son Excellence Mr. Le Comte Dumoustier Ministre du Roy près les Etats unis, m’autorisent à le prier en leur nom de se charger de me la faire parvenir. Je prends donc la liberté, Monsieur, de vous indiquer cette voie comme très sûre. La Bonne volonté que vous m’avez temoignée dejà dans cette ennuyeuse et trop longue affaire me donne lieu de compter encore sur vos Bontés, et j’espère que par un effet de vos bons offices, le premier Paquet du Ministre qui viendra en retour de celui ci, m’apportera enfin sûrement cette Traite pour solde depuis si longtemps envoyée sans succès. Je suis avec tout le respect et la considération dus à votre mérite personnel encore plus qu’à vos titres Monsieur Votre trés humble et trés obéissant serviteur

Thomas
chez Madame la Comtesse de Durfort
Grande ruë du fauxbourg st. honoré no. 8
p.s. Je ne me permets aucune observation sur la nécessité où, d’après votre lettre, on a été de prendre des terres en payement, et la perte qui s’en est suivie pour moi; je m’abandonne là dessus au zèle et à la bonne foi de Messieurs Bache et Shée; j’espère en trouver une nouvelle preuve dans la promtitude de la Remise que j’attends.
Endorsed: M. Thomas
644197 = 046-u008.html