From J. Van der Hey: Plan re American Finances (unpublished)
Plan d’un Code pour la Perception de toutes les Finances Necessaires; pour le Services des Etats Genereaux, des Treise Provinces Unis, dans L’Amerique Septentrionnale.

Par l’Introduction du dit Code, les Etats pourront trouver, annuellement, tout les Fonds Necessaires, pour payer les Interèts de la Debte Nationnale, et pour le pouvoir rembourser entièrement en très peu d’Anneés; d’une manière facile, agréable, et peu dispendieuse: sans vexer le Peuple, sans gener le Commerce, la Navigation, et l’Agriculture; et sans empecher la Progression des Manufactures, et des Arts utiles et Agreables. Le dit Code sera suivi, en partie, selon ce qui jusqu’a present a été le mieux établi dans la République des Païs-bàs Unis: avec exeption des Erreurs que l’Experience manifeste evidentement, tout les jours, dans cette Partie Legislative et Executive. Le dit Plan contiendra plusieurs Reflexions Politiques & Morales sur les Erreurs en General qui se manifestent tant dans la partie Législative, que dans la partie executive, de la Perception des Finances, dans la Province d’Hollande; et dans les autres Provinces, de la Republique; qui sont tous differents ainsi que sur ceux qui se trouvent dans celles de la France, de la Grande Bretagne; dans les Etats du Roi de Prusse; et dans les Païs-Bàs-Autrichiens: pour prouver jusqu’a quel point les unes ou les autres pourront servir de base et de modelle pour ètre suivi dans le dit Code, ou soigneusement doivent ètre épargné et ménagé, pour ne pas tomber dans les mêmes Erreurs et Inconveniens, qui se manifestent dans les dittes Administrations. par J. Van der Hey. Ancien Premier Commis des Finances des Etats de la Province de Zeelande. 1783.

(II.)

Lors qu’on veut chercher la vèritable Amitié, (et l’Humanité) c’est loin du Trône,(*) et de la Cour qu’il faut porter les Pas. —— et rien n’est si amusant pour un Philosophe que de considerer la vie tumultueuse de la Cour; mais rien aussi n’est plus touchant, pour un homme qui pense, que de voir jusqu’où l’humanité est ravalée chez les Idolatres de la Fortune.

Si l’on m’offroit de vivre dans les forets les plus écartés, ou de passer mes jours auprès des Souvrains, j’aimerais mieux avoir des animaux pour Compagnons, que des Courtisans. Je pourrais du moins vivre au millieux des Bois sans contrainte. Je ne craindrait point qu’un Ours pour obtenir le Commandement de ma cahute, m’accusat auprès d’un Lion d’avoir eu peu de respect pour Lui. Un cerf après avoir trouvé les herbes de mon jardin, et s’ètre ainsi répu de mon bien, n’irait pas lachement décrier ma conduite, critiquer mes demarches, et repandre sur mes Actions les plus inocentes, un funeste Venin.(+) Combien n’y a-t-il pas des gens a la Cour, qui mangent tout les jours chèz des Personnes qu’ils vont decrier en sortant de leurs tables, & cela dans la vue de plaire a quelques autres dont ils médisent de même a la Prémière Occasion. La Calomnie est a la Cour, ce que l’Etendue est a la matière: elle en fait l’offence. Qui dit Courtisan, dit un homme toumours pret a decrier tous ceux qui visent aux bonnes Graces du Prince. Ses Louanges sont mêmes des Injures; et s’il fait pas hasard l’éloge de quelqu’un, cet éloge est a coup Sûr la satire de quelqu’autre.

Le plus Grand Avantage que je trouverais, en preferrant les forêts à la cour, serait celui de n’être point obligé de rougir a chaque instant, en approuvant des Sottises, des follies, des Injustices, des Vexations, et des cruatés; que je condanmerais dans le fond de mon coeur. Quel est l’homme a qui la verité soit tant si peu chère qui puisse s’accomoder a de pareille bassesses? Ce pendant, c’est par elles que les Courtisans parviennent a leur but. Un Philosophe ne devient sage et savant qu’a force de méditer et d’étudier. Un Homme attaché à la Cour, ne parvient aux grandeurs qu’a force de dissimulation, de flaterie, de Mensonges, de perfidie, & de noirceur d’Ame. Le Marquis d’Argens Lettres Juives 167e.

(III.) Introduction *1.

L’Administration de la Finance, et la Protection du Commerce, sont deux Branches Separés, les plus fécondes; mais en même temps les plus difficiles a cultiver, de tout le gouvernement. L’Art et la Science de la Finance, de la Perception et de la Distribution; ainsi que celles d’appuyer, et d’étendre le Commerce, la Navigation, les Manufactures, et les Arts Utiles Agreables, n’exigent pas seulement fidellité, attention, et des lumières a toute èpreuve; mais encore des Experiences Consommées, pour pouvoir surmonter les Obstacles qui peuvent affaiblir l’appui que la Finance, & les Ressources, doivent fournir a la partie politique du Gouvernement; de la quelle elle est le Ressort essentiel. L’Experience peut suplier la Genie en plusieurs occasions, mais rien ne peut suplier l’Expérience: qui ne l’acquiert que par la Pratique; et qui ne peut-ètre éclairé que par la Théorie. Ceci établi, il resulte de-là, une necessité indispensable, de bien connaitre par une Experience assuivies, les forces élastiques de ces ressorts de la machine plitique, et de les savoir mettre en mouvement.

*2.

Partout où l’Administration des Finances est enseveli dans l’obscurité, on lachera toujours, en des moments de besoins, de la représenter dans la position la plus favorable: mais ordinairement masquée, fausse, et éblouissante. Il est tous contraire partout où l’oeil veillant des Representants, de l’Etat, veille sur la Perception et la Distribution, des Finances; & où leurs soins, je sais connaitre en tout ce que peut favoriser le bonheur des citoyens; par étendre le commerce, protèger la Navigation, faciliter les Arts, et favoriser les Manufactures, et l’Agriculture.

*3.

L’Honneur de Servir des Etats Respectables, et de travailler au Bonheur d’un Peuple Heureux, fait un des plus grand bonheurs de l’Homme sensé, vertueux, et capable de rendre services; par ses lumières, et son Experience: & c’est encore un gage du plus parfait accomplissement de son devoir. S’il est beau de remporter les Suffrages de ses Concitoyens, l’Homme veritablement grand par ses Principes, par ses Vertus, et par ses Lumières, ne pretend jamais d’obtenir la confiance publique; sans en même temps contracter lui même un Engagement aussi cher que solemnel, qui est de le mèriter encore d’avantage.

*4.

Le Sage Financier établit son jugement sur les Evenements passés, d’àpres ce qu’il a vu lui-même; ou, ce qu’il a trouvé couché dans les annales du temps, marqué au coin de la vèrité, et de l’utilité. Les Exemples et les Experiences sont les sources les plus fécondes, qui produissent des Preuves de ces vèrités. En matiere de Finance et de Commerce l’on est incapable d’asseoir son jugement, lors qu’on n’a pas de connaissance du Tableau general; et ce qui est de plus, lorsque l’on n’a pas entré dans toutes les mèmes details, des avantages que l’on pourra produire, & des inconveniens que l’on pourra causer; celui que l’Auteur de ce Plan a appris connaitre, il l’a puissé dans la Source d’une Experience Consommée de plus de quarante années de suite, qu’il a èté occupé d’observer avec une attention assuivie, et de faire des Recherches, sur tout ce qui s’est passé sous ses yeux, en Finance, et en Commerce dans

(IV.) Introduction

dans le République des Païs-bas-unis, en France, en Angleterre, en Allemagne, et dans les Païs-bàs-Autrichiens: ou ce qu’il a trouvé annalysé par les Auteurs les plus celèbres, les plus éclairés, et les plus neutres; sur les Administrations des Finances, et la partie productive du Commerce, pendant le dernier Siècle, et celui que nous voyons courir a la fin. Toute la vie a èté sacrifiée, à faire des Recherches Politiques, Finantiels, et Commercantes; et a joindre la Pratique, à la Theorie, de toutes les Parties de l’Administation des Finances, et de l’Exercice, du Commerce, qui se fait de l’Europe, dans toutes les Quatre Parties du Globe.

*5.

Ses Auteurs des Essayes Generales et Particuliéres sur les Finances, disent de ? Mr: de Colbert: “qu’il avait un Esprit également juste et étendu, qui lui fit concevoir des Grand Projets, et de Grandes esperances dans un temps même de calamité, de Confusion, et d’épuissement; & qu’il executa, ce qu’il avait concu, ou recu des Gens Eclairés, avec beaucoup d’ordre et d’activité: qu’il ne négligea jamais d’approfondir lui-même les Plans & leurs détails, qui lui furent presentés; qu’il sut se les procurer en accordant un Accès facile, à tous ceux qui se crurent en état de lui proposer des projets utiles, et qu’il rechercha avec empressement les performes de mérites, qui pouvaient l’aider.” Voila ce qui est très naturel, qu’un aussi grand Ministre que l’etait L’Incomparable Mr. deColbert, écoutait et examinait lui-même ce qui lui était presenté; car il n’y a pas de proposition qui puisse ètre faite en matière de Finance et de Commerce, par aucun homme sensé, qui pourra jamais ètre aussi mal-a-propos faite, qu’elle ne pourra contenir quelque bien, ou qeulque chose instructive. La prémière, et la plus grand preuve de l’Esprit d’un Ministre; est celle qu’il écoute, voie lui même, et s’intruise; & qu’après un [mur] examen. qu’il en tire la partie la plus avantageuse pour l’Etat, pour le Païs, et pour les Concitoyens.

*6.

Il depend d’un Ministre éclairé de suivre pa-à-pas un Plan d’établissement, ou de reforme, qui lui sera présenté; de decomposer les unes après les autres toutes les Parties, en les comparaisant entr’elles, et en les rapprochant séparement des vrais principes, par lesquels on peut réduire, a leur juste valeur les Avantages qu’il anonce, et découvrir les invonveniens qui peuvent les balancer, ou surpasser. Il ne depend pas moins d’un Ministre de juger lui même des Propositions qui lui sont faites; et il distinguera facilement de la Surditte Regle Generale, ces sortes de plans: “qui sans beaucoup de depenses, au lieu d’appé?antir, sont capable de librer, le fardeaux de l’Etat; et offrent les moyens les plus sûrs, et les plus simples, de se procurer les Avantages proposées; et ceux qui fondés sur des spéculations modestes, se bornent a de simples vues de perfection.” C’est de ces Deux Espèces que serait composé le Code, qu l’Auteur de ce Plan a l’honneur de proposer très respectueusement, d’offrir au Gouvernement des Etats Genereaux des Treise Provinces Unis, dans l’Amerique Septentrionnales. Bruxelles le 5e. Aout 1783.

Van der Hey.

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