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Monsieur

La bonté avec la quelle il vous a plût répondre à notre lettre, et notre persévérance dans notre projet, que votre obligeante lettre et votre information n’ont fait qu’augmenter, nous obligent à vous importuner de nouveau pas—celle-ci.

Nous ne pensâmes jamais, comme beaucoup d’autres, que notre plan serait de facile opération; au contraire nous nous sommes attendus à une infinité d’obstacles et de difficultés peut être insurmontables. C’est aussi pourquoi nous sentions le besoin que nous aurons de vos directions.

Nous prendrons la liberté, Monsieur, de vous exposer de nouveau quelles sont nos vues et nos espérance, et nous terminerons par vous demander encore avec instances,quelques autres instructions. 1 Si la langue francois n’est pas assez répandue pour nous faciliter la vente de nos livres, nous pouvons facilement nous [assortir?] en livres Anglois, seulement nous prenons la liberté de vous demander, quelle feroit le genre qui conviendroit le mieux. nous le devinons bien àpeuprés. Mais nous ignorons si les livres font communs en Amerique, et s’ils y font chers, de même s’il y a beaucoup d’imprimeries. Notre correspondance avec l’Angleterre et Paris nous prouveroit bien promptement les livres en Anglois qu’il devroient nous convenir, et c’est à quoi nous travaillerons sitôt après l’houmeur de votre réponse. 2 L’imprimerie que nous transporterions dans les Etats Unis est absolument neuve et les caractères tres bien assortis et du meilleur goût. Ceux de la langue Angloise étant les mêmes, il nous seroit très facile d’imprimer en Anglois puisquil n’est pas douteux quenous trouverions aisément un correcteur possédant parfaitement la langue Angloise. 3 Deux d’entre nous partiroient d’abord avec l’imprimerie neuve de la quelle nous venons de parler, et un assoriment des meilleurs livres Anglois et Francois. Celui d’entre nous qui est marié resteroit ici avec les autres fonds et l’imprimerie que nous y avons, et continuerois notre commerce tel qu’il est aujourdhui, jusqu’a qu’apprenant des nouvelles des deux voyageurs, en quel Etat & position ils se trouvent il peut alors se determiner à les joindre avec le reste de notre fortune.

Voici donc Monsieur où s’étendent nos desirs & nos voeux. Nous vous prions de pardonner à nos indiscrétes questions et de daigner y répondre.

Nous ne savons point positivement dans quelle ville ou Province il nous conviendroit de chercher un établissement, nous sentons bien qu’il faudroit que ce fut dans un lieu où nous puissions trouver de l’occupation dans notre genre par conséquant dans une grande ville. Nous conduirons avec nous tout ce qui nous est necessaire pour notre travial, il s’agit seulement d’en trouver, et s’il étoit difficile de s’en procurer suffisamment pour notre entretien en imprimant pour le compte d’autrui. il nous parôit qu’il nous seroit possible d’établir pour notre compte et de faire des impressions soit des livres qu’on tire d’Europe, soit des livres [?] ou autres ouvrages estimés et acceuillis dans les Colonies.

Nous n’avons aucun penchant au Luxe ni à loisivété, nous sommes aussi frugal que nous sommes modestes dans notre mise; avec pareilles habitudes, l’ambition doit être bien bornée; aussi avons nous été enchantés du tableau intéressant que vous faites des moeurs, des coutumes et de la vie égale et simple de vos estimables concitoyens.

C’est vous Monsieur qui pouvoi nous diriger dans le choix du Lieu qui nous seroit convenable. Et tout nous seroit propice, si vous ajoutiez à ce bienfait celui de votre purifiante protection que nous sollicitons dans l’espoir d’être afier heureux pour qu’une connoissance plus particulière nous la fasia meriter. Pardonnez Monsieur si nous avons présumer un si flatteur avenir.

Nous manquons aussi de directions pour les frais de transport. Si notre projet se réalise, nos deux voyageurs se proposent de s’embarquer dans le mois de mai, si la saison est propice et s’il est possible sur un bâtiment américain dans quelques ports de la Brétagne ou de la Normandie. Leur cargaison en livres et avec l’aimprimerie peut aller à quatre ou cinq miliers soit 50 á 60 quintaux. Nous ne savons pas non plus si ces effots payent des droits dans les ports des Etats-Unis et quel peut etre le pris ordinaire du [?] en des miliers ainsi que les frais de chaque passager. Et aussi nous n’avons aucune connoissance ni relation dans le Nouveau Monde. C’est suivant vous de tous les inconvéniences la plus embarrassant, le plus considerable, mais nous ne doutons pas Monsieur si vous nous jugez dignes de votre bienveillance que par votre moyen cet obstacle ne devienna nul.

Nous craignons encors que si les frais de transport étoient considerables et que nous ne puissions pas debiter toute de suite nos marchandises après notre arrivée, notre sejour ne devint trop coûteux reltivement à nos [familles]. Nous nous proposons de prendre avec nous quelques montres de poche. C’est la manufacture la plus considerable dans notre Pays et d’un facile transport. En argent comptant ou lettres de change nous ne serons pas riches, le somme que nous pourront faire ne peux guere lalle au delà de quarante Louis. Si notre cargaison de livres et montres se vend avec célérité, son produit pourroit satisfaire à nos premiers besoins et a fonder notre établissement. L’activité et le courage ne nous manqueront certainement pas; et une heureuse constitution nous promet un santé asses constante et durable. Mais le veritable vehicule de notre entreprise seroit notre inestimable recommandation.

Notre frère qui restera ici en attendant de bonnes ou de mauvaises nouvelles des voyageurs pourra si nous sommes asses fortunés pour [?], avant de partir lui meme pour nous joindre, faire une nouvelle cargaison de ce que nous lui commettrons et établir une correspondance solide en Europe pour les articles qui nous feroient avantageux d’en tirer.

Après nos arrangamens pris nous partirons pour Paris peut être notre frère ainé nous y accompagnera-t-il il seroit à propos que nous eussions l’honneur de vous voir tous les trois. Notre ainé a eu celui de vous présent ses respects il y a cinq ou six années et déja alors nous pensions à l’Amerique. Mais notre projet étoit au berceu et demandoit quelques années pour se mûrir, et nous mêmes etions tous trop jeunes pour le mettre en exécution.

Pardonner Monsieur à notre prolixités et que notre importunité ne nous prive pas de l’honneur d’une reponse, que nous attendons comme devant faire notre…

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